Comme je l’espérais, Arnaud Montebourg n’a pas donné de consigne de vote de hier malgré tous les appels du pied et les élans du cœur dont il avait été l’objet depuis vingt-quatre heures. Un Montebourg tout feu tout flamme, faisant questions et réponses, distribuant à la volée mauvais points et très mauvais points aux deux finalistes de dimanche prochain et s’amusant même à s’autocaricaturer en qualifiant à trois reprises Martine et François de « can-di-dats im-pé-trants » et en articulant méticuleusement ces deux mots à la manière du Baron Arnaud de la Patate Chaude cher à Nicolas Canteloup.
S’il s’est refusé a reprendre à son compte le « bonnet blanc, blanc bonnet » suggéré par son intervieweur, ce fut pour mieux le paraphraser la seconde suivante : « Aubry et Hollande sont les deux faces d’une même pièce… Il n’y a pas de différence sur le fond mais des différences de tempérament. ».
En conséquence de quoi a décidé de juger, justement sur pièces, et invité ses électeurs à faire de même : « Je leur ai annoncé que j’allais leur écrire une lettre que je rendrais publique, ils me répondront par écrit et nous publierons les échanges. Les citoyens pourront ainsi consulter mes demandes et leurs réponses ».
Match nul donc ? Pas tout à fait : il semble bien, comme je l’espérais là encore, que certains ont été plus taclés que d’autres. Ou disons plutôt certaine. Certes le numéro Trois a rappelé que l’archi-favori des sondages n’avait pas réussi son OPA sur le premier tour, mais pour ajouter aussi sec qu’une première secrétaire qui ne fédère que 30% sur son nom, c’est plutôt léger.
Mais surtout, Arnaud a envoyé un scud d’entrée à Martine, qui l’énerve prodigieusement à vouloir engloutir d’office ses 400 000 voix sans demander son avis à personne. Sans même être sollicité par David, il s’est déchainé dès le début de l’interview contre ce qu’il appelle la gauche « compassionnelle » et « qui pleure sur les conséquences d’une économie cruelle et violente » . Que ceux qui n’ont pas reconnu là le « care » aillent voter en paix…
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