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Le mythe de la misère systémique dans laquelle un État supposé raciste maintiendrait volontairement une population d’origine immigrée doit cesser

Entretien de Frédéric de Natal avec le prince Joachim, descendant de Bonaparte


Le mythe de la misère systémique dans laquelle un État supposé raciste maintiendrait volontairement une population d’origine immigrée doit cesser
Saccage d'une boutique dans le centre-ville de Bordeaux, le 30 juin 2023. © UGO AMEZ/SIPA

Descendant du Maréchal Murat, le prince Joachim, 50 ans, est un bonapartiste assumé. Ancien conseiller au ministère du Commerce extérieur de la France, il analyse les récents événements qui ont secoué la France. Il faut selon lui un gouvernement dont la seule vraie préoccupation ne soit plus sa réputation auprès des grands inquisiteurs du progressisme et de la « justice sociale » aux États-Unis, en Europe et en France.


Causeur. La France a récemment vécu six jours d’émeutes intenses sur l’ensemble du territoire métropolitain et ultra-marin à la suite de la mort du jeune Nahel. Pensez-vous que ces évènements sont le symbole de la révolte d’une jeunesse désœuvrée ou d’une guerre ouverte contre les institutions républicaines de la part de générations issues de l’immigration et qui refusent de s’assimiler ?

Prince Joachim Murat. Je tiens d’abord à rendre hommage au courage et à la mémoire du Caporal-Chef Damelincourt, sapeur-pompier mort dans l’exercice héroïque de sa mission le lundi 3 juillet.
Pour répondre à votre question, comme citoyen de ce pays auquel ma famille est profondément attachée, je ne peux absolument pas souscrire à l’image vendue d’une jeunesse désœuvrée, ni à celle de ces délinquants que certains dépeignent en figures romantiques et sympathiques, qui seraient les victimes d’une société blanche bourgeoise et raciste qui craindrait d’être remise en question par tous ces petits Mozart en devenir dont on briderait la créativité naturelle. Elle a été fabriquée de toutes pièces depuis des décennies par une gauche en quête d’un nouvel électorat. Soutenue par une grande partie des médias qui ont pu capitaliser de l’audience sur la promotion d’un rap agressif. La situation est incontestablement plus sordide : il s’agit de jeunes hommes majoritairement adultes, qui ne se reconnaissent pas dans les valeurs de la République, qui refusent toute intégration et qui se sont déscolarisés pour intégrer les réseaux de stupéfiants. Ces émeutes n’ont certainement pas été la manifestation héroïque d’une jeunesse à l’avant-garde du combat pour la juste émancipation du peuple contre une société accusée de xénophobie, qui serait ultra capitaliste, patriarcale, homophobe et « écocide ». C’est le déchaînement de violence de hordes de brutes qui débrident leurs pulsions les plus basiques. Ils le font d’autant plus librement qu’on les y encourage depuis des années à travers des discours biaisés de notre Histoire, parfois relayés par des élus quand ce n’est pas le plus haut sommet de l’État dans ses discours ou les médias, voire par des présentations manichéennes de notre roman national sans la moindre recontextualisation. 
Depuis les émeutes de 2005, cette minorité s’est tout de même largement accrue et s’est étendue à l’ensemble du territoire métropolitain et d’Outre-Mer. Il ne s’agit plus d’émeutes, il s’agit de guérillas urbaines à l’échelle nationale. Les vidéos que l’on a pu voir sur les réseaux sociaux parlent d’elles-mêmes. C’est une situation sans précédent que notre pays a vécue ces derniers jours.

Depuis des décennies, le gouvernement a déversé des millions d’euros dans les quartiers populaires et nous a vendu le « vivre-ensemble » comme symbole de paix sociale. Peut-on considérer que cela est un échec aujourd’hui et qu’il est urgent d’en tirer les conséquences ? Quelles sont les racines profondes de ces émeutes selon vous ?

C’est incontestablement un échec. C’est bien sûr le fruit de 40 ans de lâcheté et de démissions politiques de tous bords et à tous les échelons. La culture du « pas de vague » élevée au rang de valeur républicaine. Cet humanisme de préau d’école entretenu par une « intelligentsia » de gauche, du show business, d’une partie des médias et des politiques devenus carburant de la haine d’un mouvement insurrectionnel et sécessionniste. La mort de Samuel Paty comme le délitement actuel de notre tissu social dans une violence sans précédent devraient peser sur la conscience de ces belles âmes adeptes du « pas de vague ».
Il faut rappeler que ce sont près de 100 milliards d’euros qui ont été versés dans les banlieues depuis autant d’années, parfois uniquement pour acheter la paix sociale, laissant ainsi la voie libre à des bandes criminelles qui organisent leur racket et leurs deals de drogue en toute impunité, parfois en les octroyant à des associations plus que controversées dont les médias se sont fait les choux gras à de nombreuses reprises. Il est donc aberrant que certains osent encore affirmer que la République a abandonné ces territoires. Ils ont toujours bénéficié de services publics, écoles, hôpitaux, médecins, médiathèques, théâtres, salles de sport, bibliothèques, transports publiques, piscines, etc. Services dont nos populations vivant en milieu rural sont, elles, souvent privées à titre de comparaison. On oublie souvent de dire, pourtant, qu’il y a proportionnellement autant de diplômés d’universités dans les populations issus des quartiers dit « sensibles » qu’à l’échelle nationale. Le mythe de la misère systémique dans laquelle un État supposé raciste maintiendrait volontairement une population d’origine immigrée doit cesser. C’est entièrement faux. Tout comme ce serait une erreur de faire des généralités. Les actions déplorables de ces voyous ne sont pas non plus représentatives de l’essentielle de la population française d’origine immigrée dont une partie aspire aux mêmes ambitions de vie et de paix que tout citoyen de notre République. Faire de ces voyous une figure romantique amalgamée à l’ensemble des immigrés de France, c’est du stéroïde à préjugés injecté par la gauche depuis trop longtemps. 

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Pillages de magasins, destructions de biens publics, mairies incendiées, écoles et bibliothèques détruites, drapeaux tricolores brûlés en signe de défiance, élus menacés physiquement : c’est le cœur même de notre République qui est outrageusement attaqué par des groupes organisés, parfois armés. Le président Emmanuel Macron a évoqué l’influence des jeux vidéo, dénoncé l’influence des réseaux sociaux pour expliquer la violence et l’organisation des émeutiers, invité les parents à assumer leur responsabilité. Souscrivez-vous à ce discours ?

C’est d’une affligeante légèreté de penser que cette situation est due aux seuls jeux vidéo et aux démissions parentales. Le développement d’une économie parallèle alimentée par la consommation délirante de drogues dans notre pays (au premier rang desquelles la cocaïne avec les bénéfices astronomiques qu’elle génère) a favorisé le développement de milliers de bandes criminelles très bien équipées disposant de ressources financières suffisamment importantes pour recruter de véritables petites armées. Vous arrosez tout ça avec de la victimisation, du laxisme dans la réponse pénale et du clivage identitaire anti-France distillé sur les réseaux sociaux et vous avez la formule parfaite pour un incendie. Ce sont aussi les petits soldats de ces armées sans nom qui ont provoqué la mort du Caporal-Chef Damelincourt [1], qui lynchent nos concitoyens, attaquent femmes et enfants, qui tirent à balles réelles sur la police, en envoient des centaines à l’hôpital chaque année, détruisent nos bâtiments et nos services publics en ce moment même.

Plusieurs députés de la NUPES ont refusé d’appeler au calme, laissant suggérer qu’ils cautionnaient les émeutes. Considérez-vous que ce mouvement hétéroclite, composé de partis de la gauche et d’extrême-gauche, trahit l’esprit de la nation française et répond uniquement à un agenda politique prévoyant une prise du pouvoir par le chaos ?

Concernant les propos affligeants tenus et répétés par Jean-Luc Mélenchon et plusieurs élus de la France Insoumise mais également d’Europe Ecologie les Verts, on peut effectivement se demander s’ils ne constituent pas un appel à la violence, sur lequel la justice devrait alors se prononcer. Mais l’heure n’est pas encore aux leçons et conséquences de moyen terme. Pour le moment, l’urgence absolue est de rétablir et pérenniser l’ordre et la sûreté générale sur l’ensemble du territoire français. Le rôle premier de tout État est de garantir la sécurité de ses citoyens. Ce, par les moyens les plus énergiques possibles. L’argument du risque de l’escalade en cas de mort chez les émeutiers n’est plus audible. On nous le ressort à chaque fois et à chaque fois les agressions et les pillages continuent. L’impunité de la délinquance de voie publique, des casseurs et des petits dealers reposent sur cet argument. Il est l’instrument ultime de justification de la pusillanimité du pouvoir. 

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En dépit des appels d’une partie de la classe politique, majoritairement de droite et d’extrême droite, le gouvernement du Premier ministre Elisabeth Borne hésite à proclamer l’état d’urgence. Pensez-vous que celle-ci est nécessaire à ce stade de la situation ?

Il aurait été judicieux de faire activer l’article 16 de la constitution donnant les pleins pouvoirs au président afin qu’il utilise tous les moyens à sa disposition (et ils sont importants) pour permettre le rétablissement de l’ordre et l’application réelle de sanctions exemplaires contre les émeutiers dès le départ et l’ensemble de leurs complices (ceux qui les ont encouragés comme ceux qui ont diffusé les adresses de policiers, de pompiers, d’élus) pour que la paix soit durablement rétablie.

D’après vous, quels sont les remèdes politiques nécessaires à cette crise qui risque de se renouveler à court terme ?

Il faut une reprise en main complète et durable. Il faut permettre à la police et à la chaîne pénale de fonctionner efficacement. Un cadre clair de l’usage des armes pour les forces de l’ordre, des sanctions sans aménagement de peines, des moyens à la Justice (notamment pour renforcer les greffiers) et la construction de prisons. Cela me semble être l’élément le plus fondamental. Il faut mettre à bas la puissance des trafiquants de drogue dont on voit bien l’influence puisqu’ils semblent avoir rappelé « les troupes à rentrer dans les casernes ». Ou peut-être, est-ce une simple trêve pour écouler le butin avant de reprendre le pillage le soir du 14 juillet ? 
Il faut regarder la réalité en face et oser prendre les mesures qui s’imposent. Pour commencer, il faut mettre fin au règne de l’intimidation de ces idéologues et censeurs, arbitres autoproclamés distribuant les certificats de bonne conduite morale. Il faut mettre fin à la culture de l’excuse pour en finir avec le sentiment d’impunité de ces délinquants qui n’hésitent même plus à se filmer à visage découvert, hilares devant une personne lynchée à terre ou devant un incendie. Un délinquant est un délinquant, quelle que soit son origine. Cela s’appelle l’égalité devant la loi, c’est le fondement de notre nation.
Toutes ces solutions sont connues, efficaces et parfaitement légales. Il faut pouvoir les proposer sereinement sans allumer le bûcher médiatique, la course à l’anathème et l’hystérie inquisitoriale. Elles concernent le contrôle de l’immigration, l’attribution de la nationalité, l’attribution des aides sociales, la présomption de légitime défense, la majorité pénale. Il faut également s’attaquer fermement aux financements étrangers et aux ingérences étrangères alimentant l’entrisme islamiste dans toutes les instances éducatives et administratives. Pour cela, il faut un gouvernement dont la seule vraie préoccupation n’est pas sa réputation auprès des grands inquisiteurs du progressisme et de la « justice sociale » aux États-Unis, en Europe et en France. La possibilité d’une sortie de la CEDH et d’une option de sortie de l’UE sur les sujets d’immigration et de sécurité intérieure doivent être assumées.
Bien sûr, des accompagnements socio-éducatifs et des aides à l’insertion professionnelle de long terme sont nécessaires, ils sont déjà très nombreux. Ici, encourager la mobilisation des parents et inverser le discours politique et médiatique peut tout changer. 

Vous êtes le descendant du maréchal Murat, cavalier émérite et personnage indissociable de l’histoire du Premier Empire qui compte encore de nombreux nostalgiques et passionnés. D’après vous, comment votre ancêtre aurait-il géré cette situation s’il avait été au gouvernement ?

Murat, comme roi de Naples, avait éradiqué le banditisme en Calabre. Sa réussite tient à sa méthode : répression implacable de la criminalité accompagnée de l’ouverture d’écoles gratuites pour les enfants de bandits et la création d’emplois, par la relocalisation de manufactures, pour les femmes, les sœurs et les mères de ces mêmes bandits. Les emplois pour la famille ou même les subventions ainsi que les écoles gratuites existent déjà en France. Ne manque que le volet répressif efficace.
Je conclurai en rappelant la parole de l’Empereur Napoléon III : « Il est temps que les bons se rassurent et que les méchants tremblent ».


[1]L’homme est décédé dans la nuit de dimanche à lundi à Saint-Denis alors qu’il intervenait sur un feu de voitures dont on ignore encore les circonstances exactes NDLR.



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Journaliste , conférencier et historien.

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