Je suis très inquiet, d’autant plus que la braderie de Lille vient d’avoir lieu. Ce fut pour moi l’occasion de manger des quantités déraisonnables de frites qui, contrairement aux moules, sont servies pour l’occasion à volonté. Avec, pour ma part, une préférence marquée pour celles faites à la belge, c’est-à-dire dans un double bain de graisse de bœuf qui provoque toujours un sourire de bonheur chez les cardiologues.
Mais il y a un problème avec les frites. Pas seulement diététique. Un grave problème qui nécessiterait une enquête approfondie pour dissiper les inquiétudes qui vont commencer à se faire jour chez les consommateurs. Les frites ont en effet, ces derniers jours, provoqué des comportements irrationnels que les médias n’ont pas pu cacher bien longtemps. Ce fut d’abord le cas de ce détenu liégeois qui le jour où il devait comparaître, a préféré envoyer son avocat : c’était un mercredi, donc, le jour des frites au réfectoire de la prison.
Quelques jours plus tard, c’est le monde du foot qui était frappé par ces effets secondaires de l’addiction à la frite. On apprenait en effet que l’ex-entraineur de Manchester United, David Moyes, avait pratiquement été viré à la demande des joueurs parce qu’il leur interdisait de manger… des frites. C’est Rio Ferdinand, ancien défenseur des diables rouges mancuniens qui a lâché le morceau : « Et devinez ce qui s’est passé quand Moyes a quitté le club et que Giggs a pris sa relève ? Il n’était pas parti depuis 20 minutes qu’un des gars a dit : »Il faut demander à Giggs qu’il nous permette de manger nos frites ».»
On peut légitimement s’interroger sur une forme de terrorisme inédit qui viserait à saper la volonté des occidentaux par le biais d’une substance inconnue inoculée dans les patates ou l’huile de cuisson. Imaginons un instant que les chefs de la future coalition contre l’Etat Islamique mangent des frites au moment de décider de la date des premiers bombardements ou que Manuel Valls en abuse avant d’appliquer ses mesures libéralo-libérales. Les conséquences seraient incalculables. Il faut donc au plus vite que l’on nous rassure en allant enquêter du côté de ceux à qui profitent le crime: les cardiologues déjà nommés, Vladimir Poutine ou encore les pétromonarchies peu pressées d’aller aider à attaquer leurs amis sunnites en Irak.
Tout cela est tellement angoissant que je vais reprendre un autre cornet, s’il vous plaît, madame.
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