Monsieur Edouard Philippe, naguère Premier ministre, a fait savoir qu’il serait candidat aux prochaines élections présidentielles. Considérant peut-être que le présent quinquennat n’irait pas à son terme, il aura jugé opportun de ne pas trop traîner à annoncer cette décision d’importance que, s’imagine-t-il, la France entière attendait fébrilement.
Fin, donc, d’un suspense intenable. Le candidat déclaré nous annonce un programme qu’il se plaît à présenter comme « massif »1. On a connu beaucoup de qualificatifs assortis aux programmes électoraux, mais celui de massif a au moins le mérite de la nouveauté.
Un programme, précise le postulant, qui devra mobiliser les forces politiques allant de la droite sage, la droite propre sur elle, aux socialistes teintés rose tendre, modérément socialisants si vous préférez. En d’autres termes, ce programme se situe clairement au centre. Nous devrions donc avoir du massif central. Et conséquemment se dit-on, à l’image de l’autre aux volcans éteints ou en sommeil depuis la nuit des temps, rien de particulièrement volcanique, éruptif ou puissamment disruptif à en attendre. Nous voilà prévenus.
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Pour ce qu’on sait de ce programme, figurerait en bonne place l’engagement de revitaliser le secteur industriel. Sur ce point, l’homme peut se prévaloir d’une réussite certaine. Lorsqu’il était à Matignon, n’a-t-il pas relancé magistralement l’industrie du panneau routier avec sa crise d’autorité du 80 km/h, sans conteste la décision politique entre toutes dont la France avait le plus urgent besoin à ce moment-là ?
On notera que le postulant a tenu à prendre tout le monde de vitesse en officialisant dès à présent sa candidature. Il se hisse ostensiblement en tête du peloton de ses concurrents encore attardés à l’écurie où ils piaffent mais ne font que piaffer. Je m’autorise à voir dans ce souci de prendre la tête une sorte de revanche sur ce qu’aura été jusqu’alors son destin politique. Une revanche sur le politicien de porte-bagage qu’il fut dans son coin de Normandie, accédant à la mairie du Havre sur celui d’Antoine Ruffenach et à Matignon, c’est-dire à la notoriété nationale, sur celui d’Emmanuel Macron. Il se sera dit que cela devait cesser et que son temps était venu, le temps de se mettre la tête dans le guidon et de pédaler de la force de ses propres mollets. Espérons pour lui que la pente ne soit pas trop raide ni le but trop lointain. Il a baptisé son mouvement politique Horizons. Horizon, cette ligne terriblement agaçante qui ne cesse de reculer à mesure qu’on croit s’en approcher. L’effort à fournir risque donc d’être lui, pour de bon, massif.
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- https://www.lepoint.fr/politique/exclusif-edouard-philippe-je-serai-candidat-a-la-prochaine-election-presidentielle-03-09-2024-2569359_20.php ↩︎
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