Fuyons les recommandations progressistes du Festival de Cannes et de Télérama qui ne semblent plus en accord avec les envies cinématographiques d’une grande partie des Français – la preuve dans les entrées.
Le cinéma français se porte mal. C’est normal, le cinéma français est de plus en plus mauvais. La plupart des films français primés et critiqués par l’intelligentsia cinéphilique et téléramesque ont été systématiquement boudés par le public. La Palme d’Or, qui attire généralement les foules (exemple : Parasite de Bong Joon Ho, Palme d’Or 2019 = 1 900 000 entrées), n’a que très moyennement profité à Titane (Julie Ducourneau, Palme d’Or 2021 = 300 000 entrées). Logique, sa réalisatrice, une pseudo-rebelle néo-féministe, a fait une daube pseudo-transgressive, un véritable navet que même un acteur souvent brillant comme Vincent Lindon n’a pas pu empêcher de sombrer dans le ridicule – l’acteur est ici, à l’image de son personnage et du film, pathétique. Quant aux films inspirés des livres d’Annie Ernaux ou de Christine Angot, c’est pire encore. L’événement d’Audrey Diwan, pourtant Lion d’Or à la Mostra de Venise, n’a fait que 130 000 entrées, tandis que Avec amour et acharnement de Claire Denis atteint péniblement les 151 000 entrées. En vrac, le palmarès des nullités: Le monde d’hier de Diastème (Léa Drucker y joue une présidente de la République luttant contre l’extrême-droite – film sorti opportunément quelques semaines avant les dernières élections présidentielles !): 78 000 entrées. Arthur Rambo, de Laurent Cantet, film tentant vainement de défendre un personnage inspiré de Mehdi Meklat: 33 000 entrées. Le fameux Rodéo de Lola Quivoron, encensé par Télérama, Le Monde, Le Figaro, Libération : 36 000 entrées !!! La très grosse gamelle. En revanche, Bac Nord, de Cédric Jimenez, malgré (ou grâce à ?) la critique de Libération (« Il faut rendre justice à Bac Nord, préciser qu’il n’est pas que fasciste. Tendance cinquante nuances de droite […] le film démago et viriliste de Cédric Jimenez est raté autant dans son exécution que dans ses intentions »), a cartonné au box-office: 2 218 000 entrées. Quand au film américain Top Gun, Maverick, assez réussi dans son genre mais que Le Monde, qui avait trouvé que Titane était un « puissant film de genre et transgenre », a jugé être « sans une once de créativité »; il a littéralement ridiculisé l’ensemble de la cinématographie française actuelle avec plus de 6 500 000 entrées. Résultat d’une politique du cinéma français qui mêle idéologie wokiste et petits arrangements entre amis (pour ce qui est des subventions publiques): la fréquentation des salles de cinéma du mois de septembre a été la plus catastrophique jamais connue depuis 1980.
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Le cinéma français, « soutenu » par un CNC complaisant et politique, est globalement nullissime. Raison de plus pour aller voir un film qui n’a reçu ni subventions ni critiques élogieuses de la presse progressiste et qui se moque avec intelligence et drôlerie, en une heure chrono, de notre époque hygiéniste, néo-féministe, transgenriste et wokiste. Le monde d’après, de Laurent Firode, se déroule, le temps d’une soirée, dans un immeuble haussmannien habité par une galerie de personnages imprégnés par les idéologies « sociétales » à la mode. Ces personnages sont, tour à tour, un couple dont le mari, pharmacien, croit avoir trouvé le moyen infaillible pour vacciner tout le monde, même et surtout ceux qui ne veulent pas l’être; une paire d’amis dont l’un, homme transgenre, est « enceint » de… Marguerite; une féministe roublarde prête à balancer sur les réseaux une vidéo compromettante pour ne pas payer les réparations du plombier; un couple d’ultra-féministes cherchant une co-locataire végane, écolo et capable de ne prendre une douche qu’une fois par semaine pour « sauver la planète »; deux comédiens jouant les rôles d’hommes en train de mourir du covid pour n’avoir pas fait vacciner leurs enfants, etc.
Les tics de langage « inclusif » émaillent des propos idiots totalement réjouissants de vérité, à peine caricaturaux, de ceux qu’on peut lire ou entendre dans certains livres wokistes, certaines radios progressistes, certaines associations féministes. Les acteurs et les actrices sont tous formidables et parviennent, derrière le rire, à nous foutre la trouille; car le monde d’après est un monde totalitaire où chacun pense avoir de bonnes raisons pour surveiller et sermonner son prochain, un monde récuré dans lequel la désinfection à l’eau de Javel concerne aussi bien les objets que les cerveaux, un monde loufoque où des hommes transgenres tirent à pile ou face pour savoir qui sera le père d’un enfant conçu avec une femme transgenre et dans lequel une femme peut dire sans sourire qu’elle a pris son parapluie parce qu’elle a eu peur « qu’elle pleuve » parce que « ben oui, c’est pas un phallus qui fait pleuvoir ». C’est hilarant, grinçant, rythmé et, pour ne rien gâter, judicieusement ponctué par une unique partition musicale, celle de «La Campanella» de Liszt. Bref, c’est parfait.
Après avoir connu un réel succès au cinéma Saint André des Arts, Le monde d’après sera à nouveau visible au cinéma L’espace Saint Michel (7 place Saint Michel, Paris 5ème) à partir du mercredi 23 novembre. Pour ceux qui sont dans le coin, ou même un peu plus loin, un seul conseil : courez le voir.
P.S : On me glisse dans l’oreillette que Télérama trouve ce film « réactionnaire ». Raison de plus pour vous y précipiter.
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