Depuis le 1er juin, nous célébrons le Mois des fiertés LGBT. Ou du moins, un certain nombre d’institutions nous enjoignent de le célébrer.
Le 1er juin, l’internaute qui recherchait « Pride Month » sur Google était récompensé par le géant californien qui le gratifiait, sur la page des résultats, d’une animation multicolore, accompagnée par un défilé éphémère de drapeaux arc-en-ciel. De nombreuses entreprises intègrent des messages et des emblèmes évoquant l’événement à leurs publicités et aux produits qu’ils mettent dans le commerce. Au cours du mois, des marches de personnes bardées de peinture corporelle multicolore ou travesties en drag queens et drag kings vont envahir les centres-villes. Les participants proclameront leur fierté d’être différents, tout en étant très semblables les uns aux autres. Ils se vengeront de leur « invisibilisation » dans l’histoire par une hyper-visibilité que pratiquement personne ne conteste aujourd’hui.
Où est le mal ? Après tout, ne s’agit-il pas d’une bonne cause ? Un premier problème, c’est précisément l’omniprésence, le caractère incontournable, de cette célébration. À l’heure actuelle, certains gouvernements, médias et citoyens affichent leur soutien à l’Ukraine. C’est naturel, il s’agit d’une guerre : il y a urgence et qui veut prendre parti peut le faire. Ce n’est pas le cas des communautés homosexuelles envers lesquelles les sociétés et les cultures occidentales sont aujourd’hui beaucoup plus tolérantes que dans le passé. La dimension qu’a prise la célébration des fiertés ne semble donc pas proportionnelle à l’urgence de la cause et au degré d’injustice subie. Il faut savoir que dans certains pays – mais pas encore la France – il y a aussi un Mois de l’histoire LGBT, célébré en octobre aux États-Unis, au Canada et en Australie, par exemple. Tous ces mois de célébrations contribuent à une forme de surenchère qui banalise à l’extrême le concept de fierté et met à rude épreuve la patience du public. Certains internautes américains, faisant remarquer qu’une seule journée est consacrée à la célébration des vétérans des forces armées (bien qu’il s’agisse d’un jour férié fédéral), se demandent si ces derniers, par leur courage et leurs sacrifices, ne méritent pas un mois entier d’hommages beaucoup plus
