Le 28 août 1963, Martin Luther King prononçait devant le Lincoln Memorial de Washington, où étaient réunis près de 250 000 manifestants, son célèbre discours commençant par la phrase I have a dream. Ce moment est rétrospectivement considéré comme le point de départ du mouvement des droits civiques qui aboutira quelques années plus tard à la fin de la ségrégation entre Afro-Américains et Euro-Américains. Le pasteur baptiste a pris une telle importance dans la mythologie et l’histoire contemporaine américaines que tous les troisièmes lundis de janvier, son souvenir est marqué d’un jour férié appelé Martin Luther King Day.
Les soixante ans du discours de Martin Luther King
Ce 28 août, les États-Unis ne célébraient toutefois pas le « Martin Luther King Day » mais le soixantième anniversaire de l’allocution qui fit connaître au monde ce militant et homme de foi lié pour l’éternité à l’histoire des noirs américains. L’histoire de Martin Luther King s’inscrit d’ailleurs spécifiquement dans un contexte nord-américain parfaitement étranger à la France, puisque nous n’avons jamais connu la ségrégation raciale ni l’esclavage des noirs sur notre propre sol. Pourquoi le ministère de l’Éducation nationale a-t-il alors décidé de participer à ces festivités qui ne nous concernent nullement, point de départ d’une polémique qui n’en finit plus depuis ?
Pour coller à l’air du temps ? Pour se donner une bonne image à peu de frais ? De la même manière que certains lycées de Seine-Saint-Denis sont baptisés des noms de Rosa Parks, de Martin Luther King, ou, pire encore, s’agissant d’une figure contestée, de celui d’Angela Davis, le but de la manœuvre est aussi grossier qu’artificiel. Surtout quand ledit ministère expose des enfants à l’ire de l’extrême gauche, aux railleries d’à peu près tout le monde et plus généralement expose une communication d’une grande médiocrité.
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Ainsi, le ministère de l’Éducation Nationale n’a-t-il rien trouvé de mieux à faire que de diffuser une vidéo présentant des collégiens lisant en anglais une de leurs créations originales s’inspirant du discours de Martin Luther King (voir vidéo en bas de page). Les élèves en question avaient remporté cette année le concours « The More I Say », encourageant une « pratique créative de l’anglais ». Qu’est-ce qui a bien pu déranger quelques internautes dans cette démarche que d’aucuns auraient pu juger inoffensive ? Tous les enfants de la vidéo sont blancs. Oui, vous avez bien lu : blancs. L’horreur, quasiment le nazisme.
Courroux « antiraciste »
Les vives réactions ne se sont donc pas fait attendre longtemps, notamment dans les rangs de la Nupes qui ne loupe jamais une occasion de ce type. La twitto Claire Jacquin, qui se présente comme une militante de la France Insoumise a notamment publié ce message : « Donc Attal s’est dit qu’un discours anti-raciste, celui de Luther King, repris par des blancs et uniquement des blancs c’était ok ?? Combien de temps pour qu’il fasse supprimer cette vidéo de la honte ? » Elle n’aura pas attendu longtemps pour que son vœu soit exaucé, le ministère s’étant rapidement débandé face à la foule en furie…
Elle, comme d’autres, n’ont fait preuve d’absolument aucune empathie à l’endroit des cinq collégiens, soumis au courroux vengeur et aux moqueries. Car, nul n’est censé ignorer qu’en 2023, une petite polémique numérique peut vite se transformer en 15 minutes de harcèlement plutôt que de gloire. Malheureusement, le ministère s’est dégonflé et a avalisé le discours crypto-raciste de ces gens. Comme les enfants en question sont blancs, il semble autorisé de faire preuve de méchanceté…
Le ministère s’est d’ailleurs ravisé tout en se dédouanant sur… Pap N’Diaye d’une manière assez vicieuse : « Cette vidéo a été réalisée le 30 juin dernier, à l’occasion de la cérémonie de remise de prix du concours The More I Say, qui encourage la pratique créative de l’anglais au collège. Elle donne la parole à des élèves lauréats nationaux présents au cours de cette cérémonie qui s’était tenue en présence du ministre Pap Ndiaye. Il s’agit d’une profession de foi des élèves pour un monde meilleur en débutant par l’anaphore « I have a dream ». Face au trouble suscité par cette vidéo et à la violence de certains commentaires à l’égard des élèves qui s’étaient investis avec enthousiasme dans ce projet, le service communication du ministère a décidé de retirer cette vidéo de ses réseaux sociaux. » Une façon commode de ne pas assumer la diffusion de la vidéo, tout en justifiant son retrait par le bien-être des enfants sans toutefois contredire les critiques.
Après la boulette de communication initiale, les professionnels du genre ont semble-t-il trouvé une astuce pour éviter les coups. Le sujet demeure pourtant intégralement vierge. D’abord, pourquoi de petits Français doivent-ils participer à un hommage à Martin Luther King ? Enfin, dans un pays qui n’assume absolument pas le fait ethnique, faudra-t-il un jour instaurer des quotas de « représentativité » ? C’est le véritable impensé français et son impasse. Notre pays ne reconnait aucune race, ni même leur existence, mais ne parle que de ça.
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