Au grand jeu dit de la « petite phrase prononcée malencontreusement dans un micro-cravate oublié », Gordon Brown vient d’enfoncer Rachida Dati qui avait fait en son temps les délices de la presse française. Surclassés les Hortefeux, Chirac et autres spécialistes du dérapage légèrement vaseux et bourde diverse. Des bleus, vraiment.
En traitant une digne retraitée de « vieille sectaire » sitôt remonté dans sa voiture officielle après un de ces très rares bains de foule auxquels il ne se soumet que contraint et forcé, le premier ministre candidat confirme l’image de grincheux qui lui colle à la peau.
Beaucoup plus ennuyeux, en balayant son élégante remarque qui imputait « l’inondation » du royaume par les immigrés d’Europe orientale aux très généreuses prestations offertes par les services sociaux britanniques, il prend le risque de mécontenter une bonne partie de l’électorat particulièrement chatouilleux sur la question. Obligé de se livrer in petto aux interminables séances d’auto-flagellation qui suivent ici la moindre gaffe, il a dit et redit combien le contrôle de l’immigration lui tenait à cœur. Avec un je-ne-sais-quoi de factice et d’artificiel dans le ton qui risque de lui coûter très cher dans une petite semaine.
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