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Le métro bruxellois, symbole du déclin de la capitale belge

Des vidéos et des images peu reluisantes du métro de la capitale belge ont récemment inondé les réseaux sociaux


Le métro bruxellois, symbole du déclin de la capitale belge
© Shutterstock/SIPA

Le métro bruxellois s’est peu à peu reconverti en escape game urbain, déplore notre chroniqueur


Jusqu’à il y a un lustre environ, le métro bruxellois était une des dernières choses qui, dans la capitale belge, fonctionnait à peu près correctement. Depuis, la triste réalité qui se joue au grand air est descendue d’un étage : trafic de drogue, insécurité, matériel défaillant, chantier aux coûts faramineux… La mélodie en sous-sol, dictée par le passage des engins mécaniques, le signal sonore annonçant la fermeture des portes et le martèlement des pas pressés, s’est transformée en cacophonie mêlant les plaintes des navetteurs mécontents, les importuns venus pourrir la vie des voyageurs et les disputes politiques.

La vidéo a récemment fait le tour des réseaux sociaux : on y voit un homme traîner sa victime sur les voies de la station Ribaucourt, située sur le territoire d’une commune sensible de Bruxelles1. La scène s’ajoute à d’autres clichés ayant circulé ces dernières semaines et montrant, entre autres, des individus vendre de la drogue en pleine rame2. Tout ceci n’est que la partie immergée d’une réalité obscure touchant chaque jour les navetteurs.

Tandis que les stations du métro parisien sont marquées par un aménagement relativement uniforme (édicules Guimard, carrelage blanc…), leurs homologues bruxelloises se singularisent par leur diversité, entre hommages, à Hergé (au terminus de Stockel avec ses représentations des personnages de Tintin), Eddy Merckx (et le vélo du record de l’heure exposé dans la station portant le nom du champion cycliste) ou aux victimes de l’attentat du 22 mars 2016 (Maelbeek), peintures (Roger Somville à Hankar, fresque géante représentant la vallée de la Woluwe dans la station Vandervelde) ou photographies de mode (Gare de l’Ouest). 

A lire aussi, du même auteur: Molenbeek, capitale européenne de la culture en 2030?

Une autre partie se joue désormais. Certaines stations sont désormais des hauts lieux du trafic de drogue où les dealeurs ne doivent plus se cacher ; dans d’autres, le sol est jonché de détritus quand il ne s’agit pas carrément de trainées d’urine s’écoulant sur vos souliers – vous me direz que ceci doit être universel – ; à peu près partout le voyageur est importuné par les interpellations agressives quand il n’est pas victime de vols à la tire ; on en viendrait presque à oublier les petites incivilités, les stickers anti-israéliens, les publicités vantant la diversité à laquelle plus personne ne croit ou le fait que plus personne ou presque ne cède encore sa place à une personne âgée ; à l’aurore, il s’est trouvé à plusieurs reprises des individus coincés dans les volets mécaniques…

Dans une région qui part à vau-l’eau, il n’est pas rare que le voyageur soit confronté, au cours du même trajet, à la panne de l’escalator qui le mène à la station, au retard de son métro (pour des motifs aussi divers que des problèmes techniques, l’intrusion sur les voies…) et au non-fonctionnement des portiques de sécurité. Et quand ces derniers sont en état de marche, il est fréquent que des « colleurs » se frottent à lui pour resquiller (on imagine que cela peut être encore plus perturbant pour les femmes : allô les féministes ?). Mais pas de problème, selon la Société des Transports Intercommunaux de Bruxelles (STIB), « vous avez la possibilité, si cela vous dérange, d’emprunter le sas réservé aux personnes handicapées »3. Peu semble s’émouvoir du coût de la fraude : on croise d’ailleurs rarement un contrôleur dans le métro bruxellois et encore moins dans les stations « chaudes ». Enfin, la saga de l’extension du métro, dont l’inauguration est sans cesse reportée, ne manque pas d’ajouter du discrédit sur les décideurs bruxellois, entre pressions politiques des écologistes pour faire avancer le dossier, impréparation du chantier et méconnaissance de la composition du sous-sol bruxellois. Surtout, le budget faramineux n’en finit pas d’exploser et est aujourd’hui estimé à plus de cinq milliards d’euros. Avouez que, sans réaction des protagonistes, ce sera cher payé la salle de shoot.


  1. https://www.7sur7.be/faits-divers/un-individu-traine-sur-les-voies-lors-dune-bagarre-a-la-station-ribaucourt-a-molenbeek-cela-aurait-pu-tres-mal-se-terminer~ae48fb964/ ↩︎
  2. https://x.com/dimitristrobbe/status/1850980432046694591 ↩︎
  3. Réponse qui me fut un jour donnée par un employé de la STIB alors que j’exprimais mon mécontentement ! ↩︎



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