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Notes prises en revoyant « Le Mépris »

Godard, Piccoli, Bardot: les petits bonheurs de la VOD


Notes prises en revoyant « Le Mépris »
Brigitte Bardot et Michel Piccoli dans "le Mépris" (1963) de Jean-Luc Godard © NANA PRODUCTIONS/SIPA Numéro de reportage: 00521279_000012

Godard, Piccoli, Bardot: les petits bonheurs de la VOD


C’est elle qui le méprise, et on se demande bien pourquoi. Ce n’est tout de même, au bout du compte, qu’une idiote exigeante, certes bien foutue, mais qui emmerde un artiste.

Ne jamais oublier que c’est un film sur l’Odyssée. Que tout, absolument tout, depuis la catastrophe historique à la déroute intime est lisible au travers du prisme de l’Odyssée. Pour tous les hommes de toutes les époques. On roule en décapotable et c’est une déesse jalouse qui conduit.

Beaucoup de soleil et de bleu. La Méditerranée à Capri, sur la terrasse de la villa de Malaparte. Personne ne se regarde en face. Trop de lumière. La Rochefoucauld a écrit là dessus. « Le soleil ni la mort…« Etc…

On se force à lire « ce qui sort » dans le commerce de la librairie, du cinéma, de la presse alors qu’on peut mourir demain sans avoir relu l’Odyssée, revu Le Mépris. Ou sans même avoir les avoir lus ou vus.

Le dernier mot du film est « Silenzio » et on ne voit plus que la mer.

On pense à Rimbaud : « Elle est retrouvée! Quoi? L’éternité, c’est la mer allée avec soleil ». Et comme il n’y a pas de hasard, c’est une citation explicite devant un plan similaire que l’on retrouve dans Pierrot le Fou,  dans un dialogue entre Belmondo et Anna Karina, en voix off. Godard préfère la version « la mer allée avec le soleil » à « la mer mêlée au soleil » que l’on trouve dans Alchimie du verbe. C’est bien la seule chose que je puisse lui reprocher.

On pourrait mesurer ce qui fait un chef-d’œuvre au degré de consolation, d’apaisement qu’il provoque en nous. Et ce, indépendamment de son contenu, uniquement par sa forme.

Dans un plan célèbre, Bardot bronze nue, avec une Série Noire posée sur les fesses. Les fétichistes et les collectionneurs, dont je fais partie, ont réussi à déchiffrer le titre, très 1963 : Frappez sans entrer ! de John Godey, numéro 667.

La fille vraiment humaine, dans le film, c’est la traductrice. Etrangement, malgré l’adage « Traduttore, traditore », elle est la seule garante de la circulation du sens entre Jack Palance, Fritz Lang, Piccoli, Bardot. Il vaut mieux ne pas se comprendre et avoir besoin d’elle (tous les personnages) qu’avoir l’illusion de se comprendre sans avoir besoin d’elle (le couple Bardot Piccoli.)

Elle a un peignoir jaune, et une présence ironique, discrète, efficace, sans jugement moral. J’ai dit humaine, j’ai dû me tromper: c’est une nymphe trilingue.

Le mépris

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