Tenez-vous bien. Vous êtes dans un salon. Les invités ont le droit d’être ironiques, polémiques, mordants, de mauvaise foi et même parfois, à l’extrême rigueur, un peu barbants. On ne leur en voudra pas de placer à l’occasion un pétard sous les sièges. En revanche, il est vivement déconseillé d’être vulgaire, convenu, pontifiant et, par-dessus tout, dépourvu d’humour.
Entrez, puisque vous êtes – je ne sais trop comment – arrivés jusqu’ici. N’ayez pas peur : Causeur n’est ni citoyen, ni participatif, ni démocratique. Nous ne nous ébaubirons pas devant vos commentaires – à moins qu’ils soient vraiment pertinents. Et ne seront publiés comme auteurs que ceux que nous jugerons à la hauteur (pour les commentaires, nous ferons une entorse à nos principes aristocratiques en les acceptant tous). Car autant l’avouer : nous ne croyons pas à l’égalité de tous devant les idées.
Vous l’aurez compris, nous ne prétendons pas ajouter un déversoir à humeurs de plus à la planète Internet. Reste à expliquer ce que nous entendons faire ici. Exactement ce que l’on faisait dans les salons : converser. Refaire le monde (qui, entre nous, en a bien besoin). Nous moquer des puissants et des mondains, des producteurs de lieux communs et marchands de bouillie imprimée. Et de nous-mêmes. Et les uns des autres. Entre gens de bonne compagnie, on est toujours prêts à s’engueuler.
Drôle d’idée, pensez-vous en réprimant difficilement votre envie de bailler. Peut-être. Peut-être en effet n’y a-t-il plus grand monde pour se délecter d’une belle phrase, d’une réflexion inattendue. Peut-être que si. Peut-être que, contrairement à ce que l’on croit dans les médias, il y a encore un public prêt à causer.
Entrez donc ! Vous ne ferez que des mauvaises rencontres.
Qui sommes nous ?
Nous ne prétendons pas répondre ici à une question aussi vertigineuse. Après tout, il est légitime de vouloir savoir à quel genre de table on dîne. On ne cause pas seul et ce salon est d’abord né de la rencontre entre les désirs de quatre personnes.
La maîtresse de maison : Elisabeth Lévy. Beaucoup la trouvent exaspérante. Comme disait l’autre, elle n’est pas méchante mais, putain, qu’est-ce qu’elle est chiante. Journaliste, grande gueule, structurellement en retard et à découvert. L’architecte : Jean-François Baum. Parle peu, comprend tout, observe beaucoup. Nous n’en rêvions même pas qu’il l’avait déjà fait. Les maîtres de cérémonie : Gil Mihaely. Faut-il l’attribuer à ses huit années dans l’armée israélienne ? Cet historien dix-neuviémiste est le porte-parole d’un réel qu’il s’acharne à rendre intelligible – et intelligent. François Miclo. Il a lu tous les livres et n’est jamais triste. Heureusement que notre salon est virtuel, sinon ce gourmet de tout ce qui est bon ferait la cuisine. Et à Strasbourg, où il vit, on ne se nourrit pas de légumes bouillis.
Causeur ne vit que par ses lecteurs, c’est la seule garantie de son indépendance.
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