Le Mali a décidé de renforcer son arsenal juridique contre toutes activités LGBTQIA+ dans le pays, estimant que cela est incompatible avec les valeurs traditionnelles africaines.
C’est un vote qui s’est perdu dans le feu brûlant de l’actualité. Le 31 octobre, la République du Mali a décidé de durcir son appareil pénal envers la communauté LGBTQI+ en interdisant toutes activités homosexuelles dans ce pays du Sahel. Le vote des membres du Conseil National de Transition (CNT) a été unanime sur le sujet. « Toute personne s’adonnant à cette pratique, en faisant sa promotion ou son apologie, sera poursuivie », a déclaré le ministre de la Justice à l’issue de ce scrutin.
Inch’Allah
C’est à Mamadou Kassogue que l’on doit cette initiative. Ancien procureur, il a été nommé par la junte au pouvoir comme garde des Sceaux. Depuis deux ans, il a fait de la répression contre les activités militantes des homosexuels un véritable cheval de bataille. « L’homosexualité est une relation contre-nature. Il n’y avait pas de sanctions précises (pour la condamner – ndlr). Nous allons prendre des lois pour l’interdire dans notre pays », avait déclaré à la presse le bouillant ministre, peu de temps avant le dépôt du projet de loi. C’est désormais chose faite. Interrogé, le ministre de la Justice s’est réjoui de cette décision qui doit encore être contresignée par le tout fraîchement nommé général cinq étoiles Assimi Goïta, auteur d’un putsch en septembre 2020.
Dans un pays où le poids de la religion musulmane est important, aucun doute à avoir pour Mamadou Kassogue sur la légalité de cette loi. « Le Mali est un pays avec des valeurs profondes et enracinées dans la culture africaine. Cette législation est une réponse à une demande sociale pour préserver notre identité », a justifié le ministre. « Nous n’accepterons pas que nos coutumes et nos valeurs soient violées par des personnes venues d’ailleurs. Ce texte sera appliqué, inch’Allah », a ajouté encore le ministre. Il a d’ailleurs rappelé que cette loi était conforme à la nouvelle Constitution de 2023 qui stipule dans son chapitre 1, article 9, que la seule forme de mariage reconnue et autorisée reste « l’union entre un homme et une femme ».
Mamadou Camara, pas un pédé !
Cette loi est votée alors qu’une autre affaire avait secoué le football français en mai dernier. Joueur à l’AS Monaco, le milieu de terrain malien Mamadou Camara avait refusé d’afficher le logo contre l’homophobie floqué sur son maillot, en le cachant avec du scotch, marquant ainsi sa désapprobation de la campagne de lutte contre les discriminations initiée par la Ligue de Football Professionnel (LFP). Une action condamnée en France mais qui a recueilli un large soutien dans son pays d’origine, félicitée publiquement par Hamidou Doumbia, leader du parti politique Yéléma, des stars de la chanson et des influenceurs locaux.
Par le passé, le Mali s’est d’ailleurs distingué par plusieurs chasses aux « homos et lesbiennes » dans diverses villes du pays, dégénérant parfois en incidents violents. Frappé par une vague inédite de conservatisme sur les questions d’identité sexuelle, une majorité de pays africains ont récemment renforcé leur arsenal juridique contre les organisations LGBTQAI+.
Bien que l’on retrouve évidemment des coutumes homosexuelles dans certaines ethnies d’Afrique noire, divers ténors politiques africains ont pointé du doigt ces dernières années une Europe accusée d’importer une sexualité qui serait étrangère au continent originel de l’Homme…