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Le malade imaginaire

Le billet du vaurien


Le malade imaginaire
Photo: Hannah Assouline

Le billet du vaurien


Souvent, en fin de soirée, tout en dégustant un sorbet poire à la cannelle, je fais un tour des chaînes d’info en continu. Et je tombe régulièrement sur une chroniqueuse assise sur ses certitudes et qui les proclame avec une véhémence qui irrite plus qu’elle ne séduit, en dépit de ce qu’elle semble croire, une certaine Françoise D., qui exhorte tous ses compatriotes à porter un masque. Une amende devrait même punir ceux qui n’obtempéraient pas ! C’est une idée fixe chez elle. Les autres invités finissent par abonder dans son sens comme le font les psychiatres face à des forcenés qu’on ne ramènera jamais à la raison. Elle est vraisemblablement de gauche, car elle applaudit toutes les mesures prises par le gouvernement pour limiter les libertés. Notamment, puisque nous sommes conviés depuis trois mois à un grand voyage en absurdie, le concept de « plage dynamique ». Je me réjouis que le destin m’ait épargné une mère comme elle, protectrice et étouffante de conformisme.

Le meilleur test pour mesurer le degré de misère intellectuelle de vos interlocuteurs en France aujourd’hui est d’observer leur visage grimaçant, voire haineux, dès qu’on évoque Donald Trump. Voilà qui me le rend presque sympathique : nettoyer ses poumons à l’eau de Javel, il fallait le faire !

Excellente chronique de Frédéric Beigbeder dans Le Figaro Magazine sur Molière et son Malade imaginaire, article qui s’achève ainsi : « Le monde progresse, la génétique rassure, la biochimie prolonge et la réplique de Béralde – « C’est notre inquiétude, c’est notre impatience qui gâte tout; et presque tous les hommes meurent de leurs remèdes, et non pas de leurs maladies »  – est une citation scandaleuse que nous désapprouvons dans ce magazine lu abondamment dans les salles d’attente de grands professionnels. » Il va de soi que le docteur Knock de Jules Romain avec l’inoubliable Louis Jouvet ne sera pas projeté à la télévision et que nos grands prêtres de la médecine sont tout aujourd’hui sauf des charlatans. Et pourtant Molière est plus que jamais d’actualité, lui qui se gaussait de ces mythomanes prétentieux au jargon fumeux qui s’enrichissent grâce à notre peur de la mort. Ils le savent bien pourtant : l’angoisse tue plus sûrement que n’importe quel virus ! Et pour conclure dans la bonne humeur, cette réplique de Michel Audiard :

– Avez-vous un médecin de famille ?
– Non, je suis orphelin.



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