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Le Maire s’en va-t-en Suisse

Le billet de Dominique Labarrière


Le Maire s’en va-t-en Suisse
Lausanne, Suisse. DR.

Fugue helvétique. L’ancien ministre de l’Économie et des Finances entame une nouvelle vie de professeur sur les rives du lac Léman.


Bruno Le Maire, qui fut sept ans le très brillant argentier de France qu’on sait, a trouvé un nouveau job à la mesure de ses immenses talents. En Suisse. Là où la monnaie et l’économie n’ont pas encore eu à subir les affres de l’expertise lemairienne en ces domaines. Heureuse contrée. Il y dispensera deux jours par semaines des cours au sein du très réputé Center Enterprise for Society, une émanation de l’école polytechnique fédérale de Lausanne et de l’International Institute for Management developpement. C’est beaucoup d’intitulés en anglais. J’ignorais que cet idiome fût une des langues officielles de la Confédération, mais la mondialisation étant vraisemblablement au programme des études, mieux vaut montrer d’emblée les bons signes d’allégeance et de soumission. Ainsi, on ne sera pas surpris de constater la direction que prendront ces élites une fois sorties de tels moules.

Donc, notre Pic de la Mirandole des finances publiques passe en Suisse. Une fois encore force est de constater chez nos politiciens de haut rang, plutôt estampillés centre-droit ou centre-gauche – ceux-là mêmes que je me permets de qualifier de Têtes Molles – une tendance lourde à aller se faire voir ailleurs une fois qu’ils ont épuisé chez nous, au service de la France, leurs capacités diverses et variées, y compris celles de nuisance. M. De Villepin dispenserait ainsi sa science au Qatar et probablement en des territoires circonvoisins tout aussi démocratiques, alors que M. Raffarin, en ardent thuriféraire du « en même temps » macronien, donc du centre, du milieu, s’en est allé dispenser sa sagacité sans frontières dans l’Empire du Milieu, justement. 

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Tout se passe comme si, pour ces gens, la France – leur pays, leur patrie (mais connaissent-ils encore le sens de ce mot ?) n’était plus assez bien pour eux. Comme si la France et ses citoyens – qu’ils  considèrent probablement comme indécrottables, irrécupérables –  ne méritaient pas que leur prodigieuse intelligence s’attardât plus longtemps à leur service. La décence, la dignité, ne figurant pas davantage que le mot patrie dans leur abécédaire personnel, on aura compris qu’il serait vain d’en appeler à ces vertus pour espérer les entendre exprimer un soupçon de regret, de repentir.

J’ai d’abord cru que M. Le Maire s’expatriait en Helvétie pour éclairer de sa lanterne des étudiants en littérature. Qu’il allait là-bas animer des ateliers d’écriture érotique. On sait qu’au ministère, entre deux sales coups de génie à un pognon de dingue, il aimait à s’encanailler du côté de ce genre littéraire, ainsi qu’on a pu s’en rendre compte avec son récent roman Fugue américaine.

Vérification faite, il n’en est rien. Sa Sommité donnera des cours de géopolitique et de politique publique, cela en raison, justifient ses nouveaux employeurs « de son expertise liée à la décarbonisation et aux énergies propres ». Me voilà rassuré, moi qui – sans doute à tort – accorde plus un plus grand intérêt à l’art littéraire qu’à la décarbonisation. Quitte à ce qu’il fasse école là-bas, autant que ce soit dans ces domaines plutôt que dans la maîtrise du style. Les étudiants outre-alpins auront au moins échappé à cela.

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Ex-prof de philo, auteur, conférencier, chroniqueur. Dernière parution : « Moi, papesse Jeanne », éditions Scriptus Malvas

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