Si l’allocution du président n’a pas cassé des briques, elle a eu le mérite de se trouver un son d’ambiance identifiable dès la première note. C’est pas du Gershwin, pas besoin d’avoir l’oreille absolue pour en apprécier sa finesse harmonique mais cela sent le tube de l’été à plein nez. Notre Top Chef de président et son concert de casseroles part pour 100 jours en tournée.
Borne à la plonge. Sans traverser la rue Macron lui a trouvé le job saisonnier de l’année. 100 jours pour apaiser les Français. Entre des citoyens tendus comme des arbalètes et son talent pour le stand-up qui détend les lombaires, c’est pas gagné. Flanquée par les Hells Angels Veran, Dussopt et les autres 3 roues du gouvernement et de l’Assemblée, c’est vraiment pas gagné. Comme tout ce beau monde sera attendu partout par des batteries de casseroles, les 100 jours vont leur paraitre plus longs que l’ascension du GR20 en tongs. Oui mais voilà, Macron n’avait rien à annoncer. Ni remaniement, ni dissolution, ni référendum. Rien. Si ce n’est une nouvelle feuille de route pour une Borne à la rue.
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Berger au piano. Et si l’orgueil de Macron lui ouvrait un boulevard pour passer de la street-food sociale à la gastronomie politique ? Dans quatre ans tous ceux que l’on pourra associer de près ou de loin à Macron seront carbos. De la droite à la gauche ils sont tous cramés. Mélenchon fera plus peur que l’hologramme d’un pangolin salafiste. Le Pen, c’est la Sylvie Vartan du sketch de Coluche. Elle aura encore fait des progrès, juste ce qu’il faut pour faire deuxième. Donc, dans la quête de l’homme ou la femme providentiel(le), ce Berger a un bon profil. Il est suffisamment ouvert pour plaire des deux côtes de l’échiquier, compétent pour réformer sans brutalité et il a en plus la bobine d’un honnête homme.
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Macron à l’acouphène. Macron, ce fort en métaphore, a remis son casque de chantier sur les oreilles. En prenant la restauration de Notre-Dame pour illustrer sa vision de l’avenir. Nouvelle hallu mystique ou pas, Notre-Flèche d’Amiens est toujours aussi perché. Il dit et répète ne pas être sourd aux colères et évacue le dossier retraite en deux minutes. On a déjà vu des sourds entendre mieux que lui. Pour ceux qui espèrent du concret sur le pouvoir d’achat, la dette, la pression fiscale, la casserole est vide. Pour ceux qui croient encore au Père Emmanuel, il nous invente un nouveau gadget. Le pacte social. Attention, sans aucun tabou. Tout peut être mis sur la table. Tout. La réforme des retraites aussi? Oh mon gars, faut pas déconner non plus! Pour les promesses sur la sécurité, le contrôle de l’immigration, l’éducation et la santé on est comblé. C’est prévu. Mais toujours rien de concret dans la marmite. Bref, sans un mea culpa il nous a encore fumé le jambon avec le bois dont on fait du pipeau.
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