Parodie de la fable «Le Loup et le Chien», de Jean de la Fontaine, inspirée également d’Esope et Phèdre.
Un Loup n’avait que les os et la peau,
Tant les Chiens faisaient bonne garde.
Le réac rencontre un Woke aussi puissant que beau,
Gras, poli, qui s’était fourvoyé par mégarde.
L’attaquer, le mettre en quartiers,
Sire Loup l’eût fait volontiers ;
Mais il fallait livrer bataille,
Et le Mâtin était de taille
A se défendre hardiment.
Le Loup donc l’aborde humblement,
Entre en propos, et lui fait compliment
Sur son entregent, qu’il admire.
« Il ne tiendra qu’à vous beau sire,
D’être aussi bon que moi, lui repartit le Chien.
Quittez le droit, vous ferez bien :
Vos réacs y sont misérables,
Cancres, haires, et pauvres diables,
Dont la condition est le républicain.
Car quoi ? rien d’assuré : point de saines pensées :
Tout à la pointe du passé.
Suivez-moi : vous aurez un bien meilleur destin ».
Le Loup reprit : « Que me faudra-t-il faire ?
– Presque rien, dit le Woke, chasser les malfaisants,
Dominants, mâles, et blancs ;
Flatter les sans-logis, à Rousseau complaire :
Moyennant quoi votre salaire
Sera force reliefs, couscous au réveillon :
Pas de poulet ! Tofu sans graillon !
Sans parler de mainte caresse ».
Le Loup déjà se forge une félicité
Qui le fait pleurer de tendresse.
Chemin faisant, il vit le col du Woke pelé.
« Qu’est-ce là ? lui dit-il. – Rien. – Quoi ? rien ? – Peu de chose.
– Mais encor ? – Les idées dont je suis attaché
De ce que vous voyez est peut-être la cause.
– Attaché ? dit le Loup : vous ne pensez donc pas
Ce que voulez ? – Pas toujours ; mais qu’importe ?
– Il importe si bien, que de tous vos appas
Je ne veux en aucune sorte,
Et ne voudrais pas même à ce prix un trésor ».
Cela dit, maître Loup s’enfuit, et court encor.
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