Une certaine chanteuse contemporaine trouve que « Les Lacs du Connemara » est idéologiquement de droite. A-t-elle raison? Henri Beaumont décrypte pour nous le symbolisme de cette chanson. Analyse littéraire et politique.
Falbala qui sait le prix du silence et du buzz, s’attaque à la variétoche, tacle un menhir, notre Assurancetourix national. « « Les lacs du Connemara » est une sirène d’alarme pour quitter une soirée… Le côté scout, sectaire, la musique est immonde. C’est de droite, rien ne va…C’est vraiment une chanson qui me dégoûte ». On ne la fait pas à Juliette Armanet, femme des années 2020. Toujours poussée vers de nouveaux rivages, dans la nuit éternelle emportée sans retour, elle a fait une prépa littéraire, tenté trois fois le concours du Conservatoire national supérieur d’art dramatique, réalisé des documentaires pour Arte et France Culture.
On sent du vécu, des souvenirs d’EMC au collège, l’ado rebelle qui vient de trouver une boussole magique permettant de comprendre le monde et briser les chaînes de l’esclavage : à gauche les gentils, à droite les méchants. Avec le temps va, Juliette mettra (ou ne mettra pas) un peu de Vittel dans son gros rouge. Pour les fins de soirées, Juliette a-t-elle un point de vue sur Claude François, Alexandrie Alexandra, Les Magnolias, I will survive ? Être une femme libérée, ce n’est pas si facile. La danseuse d’alertes joue des coudes dans la tire qui mène à Hollywood. Son splash est réussi, le ridicule ne tue pas.
La vie est une folie et la folie ça se pense. Libé, Les Inrocks, Télérama et France Inter ont mené l’enquête. Décryptage : « Les Lacs du Connemara » est bien de droite.
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Climatosceptisme, obscurantisme, virilisme, …
Le décor, la triste réalité du Connemara, c’est la terre brûlée au vent des landes de pierres, des nuages noirs qui viennent du nord, colorent la terre, les lacs, les rivières, des algues vertes et monstres mutants qu’on voit nager dans les lacs, certains soirs d’été. C’est pour le vivant un peu d’enfer, le Connemara… Quelle planète allons-nous laisser à nos enfants ?
Le repos de l’âme, la paix autour de la Croix, Sean Kelly qui est catholique, Maureen aussi… Pas beaucoup de diversité, d’ouverture à l’autre, au Connemara… Oppressante, l’église en granit de Limerick pèse comme un couvercle. On y vit encore au temps des Gaëls et de Cromwell. Diderot, les Lumières, Les derniers jours du disco n’ont pas atteint le Connemara.
Virilisme guerrier et barbecue Là-bas, au Connemara on sait le prix de la guerre et on n’accepte pas la paix des Gallois, ni celle des rois d’Angleterre. De Tipperary, Barry Connelly, Galway, les Flaherty du Ring of Kerry, les Highlanders, Rob Roy, Bill Millin, Christophe et Gérard Lambert sont arrivés en 4X4 dans le comté du Connemara, avec de quoi boire trois jours et deux nuits. Aidés par une patrouille de scouts d’Europe, ils ont allumé un gigantesque feu de camp, un barbecue géant. Ça prend très vite la bruyère et la tourbe. Des porcelets rôtis, de la panse de brebis farcie, un tsunami de ketchup, mayo, acides gras saturés, cannettes de bière éparpillées sur la lande… La signature carbone de la teuf est apocalyptique.
Patriarcat et masculinisme toxique Le moment paroxystique et énigmatique de la chanson, c’est lorsque Maureen plonge nue dans un lac du Connemara. Ça interroge… Pourquoi risquer une broncho-pneumonie dans une eau à 13 degrés ? Pourquoi Sean n’a pas plongé nu, lui ? La vérité, c’est que Sean poursuivait Maureen depuis trois jours et cinq nuits. Captivée par la lecture des Hauts de Hurlevent, Maureen lui avait dit « non ». La vérité c’est que Maureen a plongé nue dans le lac pour échapper aux avances du lourdingue non déconstruit. Le salaud s’est rincé l’œil. La vérité, c’est que Maureen était secrètement amoureuse de Heathcliff et que Sinéad O’Connor était secrètement amoureuse de Maureen. À Tobermory, grelottante, guettée par les vieilles derrière leurs volets, la messe était dite, Maureen n’avait plus le choix. À vingt ans, sans réfléchir, elle a dit « oui ». L’équipe « Investigations Intersectionnelles Internationales » de Mediapart a retrouvé Maureen. Dix enfants plus tard, elle trime dans un pub tenu par le Capitaine Haddock, le Drovers Inn, au Loch Lomond.
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