Quand l’indépendance de l’Etat du Kosovo est proclamée en 2008, des pogroms violents quatre ans plus tôt ont déjà poussé la majorité de la population serbe et chrétienne à fuir cette province qui avait été le berceau de la civilisation serbe orthodoxe. Les Serbes qui y restent continuent à souffrir persécutions et provocations. Pourtant, les pays occidentaux, la France comprise, ont pris fait et cause pour la population albanaise, largement musulmane. L’eurodéputé français, Nicolas Bay, vice-président exécutif de Reconquête!, s’est rendu sur place afin d’enquêter. Aujourd’hui, il tire la sonnette d’alarme. Tribune.
Depuis 20 ans, la milice terroriste et mafieuse de l’UCK (Armée de libération du Kosovo) a imposé la partition de la province serbe du Kosovo. Ils ont annexé ce territoire souverain en dérogeant à tous les traités internationaux, au mieux dans l’indifférence, au pire, avec le soutien de gouvernements occidentaux comme les Etats-Unis ou l’Allemagne. Aujourd’hui, les Albanais – majoritairement musulmans – font planer la menace d’une épuration ethnique définitive sur les derniers Serbes chrétiens du Kosovo.
La France et la Serbie, une alliance millénaire
La France et la Serbie entretiennent une amitié profonde depuis huit siècles. Le mariage du roi Milutin à Hélène d’Anjou au XIIIe siècle, le Te Deum résonnant à Notre-Dame de Paris en présence du roi Charles VI lors de la bataille de Kosovo Polje, la formation de l’armée régulière serbe par le Général français Hippolyte Mondain dans les années 1860 : autant d’épisodes qui ont conduit à une alliance à la fois militaire, économique et politique très forte à partir de 1900. L’apogée de cette alliance entre deux peuples se trouve dans l’entre-deux-guerres à la suite de la victoire commune des soldats serbes et français au sein de l’Armée d’Orient.
En 1996, un an après les Accords de Dayton mettant un terme aux guerres ayant fait éclater l’ex-Yougoslavie, naît l’UCK. Ce groupe maoïste réclamant l’indépendance du Kosovo sera rapidement déclaré organisation terroriste par le Département d’État américain après le début de ses attaques contre la police et l’armée serbe en 1998. Pourtant, lorsqu’en 1999 le gouvernement central de Belgrade réagit pour assurer la sécurité des Serbes du Kosovo et rétablir l’ordre, l’OTAN va intervenir et bombarder la Serbie et sa province méridionale du 24 mars au 8 juin. Reniant la vieille amitié, la France de Jacques Chirac participera aux bombardements qui vont causer 2 300 morts et la destruction des principales infrastructures du pays. Ce fut la plus grande opération militaire de l’OTAN depuis sa création.
La province serbe du Kosovo-Métochie est le berceau historique, culturel et spirituel du peuple et de l’orthodoxie serbes. La mythique bataille du Champ des Merles face aux Ottomans, défaite fondatrice de l’identité serbe, s’y déroula en 1389. Le terme de Métochie (Metohija) signifie « terre d’église » car la plus grande partie de cette région appartenait jadis à l’Église serbe. Les rois serbes y édifièrent les plus beaux monastères, aujourd’hui sous la menace des extrémistes albanais. En mars 2004, durant le pogrom anti-Serbes, à moins de 2000 km de chez nous, 150 églises et monastères furent détruits en quelques jours.
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Depuis la proclamation d’indépendance du Kosovo en 2008, ce « nouvel État » failli est un désastre humanitaire au cœur de l’Europe. Mafias, trafic d’organes, épurations ethniques, implantation islamiste sous l’impulsion de puissances étrangères… Les Serbes qui n’ont pas fui ont majoritairement été expulsés lors de pogroms en 2004 et sont désormais considérés comme des parias dans le berceau historique de leur propre nation.
Les derniers chrétiens serbes livrés à eux-mêmes au Kosovo
Pour mettre en lumière ces agressions et alerter sur le sort des populations serbes, je me suis rendu au Kosovo. J’ai d’abord rencontré Arnaud Gouillon, secrétaire d’Etat à la diaspora dans le gouvernement de Serbie, et grand défenseur de la cause du Kosovo serbe depuis son engagement en France et la fondation de l’ONG Solidarité Kosovo. Ensuite, dans les enclaves serbes, j’ai pu constater la situation terrible que vivent les habitants à Osojane, Oharovac ou encore Gracanica.
Pour atteindre l’enclave de Osojane, au nord-ouest du Kosovo, nous avons traversé des chemins terreux travaillés par les siècles. Malgré la tiède lumière de l’été indien balkanique, propice à la paix de l’âme, en arrivant près de ce petit village dominé par les montagnes, nous comprenons rapidement que ce refuge est avant tout un maquis.
Car il ne faut pas se laisser tromper par le calme et l’apparente sérénité de ces vallées : nous sommes accueillis par une famille de chrétiens serbes qui a toutes les peines du monde pour rester vivre sur la terre de ses ancêtres. Ici, à Osojane, avant la guerre et le terrible pogrom de 2004, il y avait plus de 700 élèves à l’école. L’année suivante, ils n’étaient plus que six ! Après un long chemin de croix, les Serbes ont reconstruit une partie de leur ancien village, avec une église, une école – comptant environ 30 enfants désormais, et quelques habitations. En face de cette église au toit de cuivre, une croix défaite lors de l’épuration de 2004 se dresse à nouveau, mais encore endommagée, sur un muret en pierre. Ce symbole, lourd de souvenirs douloureux, rassure Dusan et Anastasjia, 13 et 10 ans, quand ils se rendent à l’école le matin. Ces jeunes écoliers, qui ont l’âge de mes enfants, subissent régulièrement des vexations et des agressions en tout genre par les occupants albanais. Un jour, c’est un coin de forêt qui est brûlé. Un autre, on vandalise un cimetière. Le suivant, on vole ou on détruit un tracteur.
L’hiver, quand les températures atteignent -20°C, ils redoutent la coupure d’électricité. En effet, abandonnée par les autorités auto-proclamées du Kosovo, la famille devra attendre plus de 15 jours avant d’éteindre les bougies. Malgré tout, cette famille tient, reste. Et comme l’illustration de la plus pure des résiliences, ils se retrouvent le dimanche à l’office célébré par leur pope, pour réchauffer les cœurs et prier pour le repos de l’âme de leurs morts.
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Ces histoires, nous les avons entendues dans toutes les enclaves, parfois en pire. A Velika Hoca, aussi appelé « la perle de Metochie », 90% du village a été brûlé par les terroristes de l’UCK en 1998. Il ne reste que 300 Serbes dans cette enclave, pour 12 églises. A Prizren, le pogrom a ravagé la communauté serbe. Ils étaient 12 000 : aujourd’hui, ils ne sont plus qu’une vingtaine. Partout au Kosovo, les minarets s’élèvent, pendant que les églises s’effondrent ; un changement de civilisation s’opère progressivement.
Nous avons rencontré le pope de la cathédrale Saint Georges, au cœur de cette ville désormais islamisée. Ce prêtre se fait régulièrement insulter et harceler dans la rue. Comme un symbole, ce sont des restaurateurs grecs qui ont sauvé les fresques de cette petite église, ravagée par les bombardements albanais. L’écart entre les deux mondes se creuse. Pendant que les terroristes de l’UCK crèvent les yeux des icônes, considérées comme idolâtres en islam, ces Grecs restaurent et font renaître le beau.
Partout, les récits des persécutions nous glacent le sang. Certains ont retrouvé leur frère dans un charnier, mais d’autres n’ont même pas eu droit au repos. Aujourd’hui, 500 Serbes sont toujours portés disparus au Kosovo. Gardiens d’une foi affirmée maintes fois dans l’adversité, les Serbes prient et en appellent à l’espérance.
L’Occident aveugle et sourd
Il n’est pas inutile de rappeler que le « Kosovo albanais » n’est qu’une mauvaise création artificielle sous patronage américain sans aucun fondement historique. Dans ce pays, où il n’y a pas une pierre qui leur appartienne, les Albanais ont érigé de faux monuments à la mémoire des terroristes de l’UCK. Ces derniers bordent les routes et constituent avec les stations essence, qui font office de blanchisseuses pour cet Etat-mafia, la majeure partie du patrimoine albanais au Kosovo.
Il faut aussi évoquer toutes les pratiques inhumaines des voyous de l’UCK – trafic d’organes, kidnappings, assassinats arbitraires… – et bien avoir à l’esprit que ce sont eux qui tiennent le pouvoir du régime auto-proclamé depuis 2008. Hashim Taçi, ancien Premier ministre puis Président de la République du Kosovo est lui-même un ancien dirigeant de l’UCK. En juin 2020, il a été mis en examen pour crimes de guerre et crime contre l’humanité par le Tribunal spécial pour le Kosovo, suspecté d’exactions sur des civils serbes et même des Albanais modérés. Ces crimes de guerre ne semblent pas pour autant déranger Ursula Von der Leyen, qui considère que la Serbie doit reconnaître l’indépendance du Kosovo pour espérer entrer dans l’Union européenne. Selon Hishashi Owada, président de la Cour International de Justice, le Kosovo « n’a violé aucune règle applicable du droit international » lors de l’adoption de leur déclaration d’indépendance ! Si la puissance de la démographie fait la souveraineté aux dépens du peuple historique, que doit-on alors imaginer pour le futur de certains secteurs de notre propre pays ? En 1999, les jeunes patriotes français manifestaient déjà pour défendre le Kosovo serbe avec comme slogan « Aujourd’hui la Serbie, demain la Seine-Saint-Denis ? »…
Sur les hauteurs de Belgrade trône un auguste monument en honneur de la France, habillé de l’inscription : « Aimons la France comme elle nous a aimés ». Cette inscription gravée au lendemain de la Première Guerre Mondiale est un encouragement à rompre avec 20 années de mauvaises décisions. La France doit renouer avec sa tradition diplomatique et honorer la vieille alliance.
Après les bombardements de 1999, l’abandon final des Serbes chrétiens serait une seconde forfaiture. A l’image des valeureux « gardiens » du pont de Kosovska Mitrovica, qui sépare les parties serbes et albanaises de la ville, nous avons aussi un pont à défendre à travers le maintien du Kosovo serbe : notre civilisation commune.
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