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Le jump de Trump

Le billet de Dominique Labarrière


Le jump de Trump
Vanessa Vasquez Anderson, une électrice américaine de Tampa, montre son t-shirt "Femme latina pour Trump, il faut vous y faire !", Floride, 7 novembre 2024 © Douglas R Clifford/Tampa Bay Tim/SIPA

Un joyeux saut dans l’inconnu. Qu’on aime ou pas Donald Trump, il est réjouissant de noter que de nombreux citoyens américains ont pris la liberté de voter en dehors des cases. Et si l’Amérique n’était pas que le pays du communautarisme?


Sale temps pour la corporation des idéologues et sociologues de plateau. Eux qui sont si prompts et si habiles à ranger les individus dans des cases, à les enfermer dans des catégories toutes faites, à déduire de leur appartenance, de leurs origines, de leur filiation, de leur sexe et couleur de peau, leurs choix politiques, le sens de leurs votes, voilà que les faits – je veux dire les résultats des élections présidentielles made in USA – viennent saper leurs sacro-saintes certitudes en la matière. N’allons pas espérer pour autant qu’ils en arrivent à reconnaître leur Bérézina intellectuelle. Pour cela il leur faudrait une vertu qui leur est totalement étrangère, l’humilité. Ne soyons donc pas inquiets pour eux, ils sauront manipuler, triturer, tripatouiller ce réel contrariant pour le faire entrer dans leurs dogmes. Ils ont donc encore de beaux jours devant eux tant leurs élucubrations seront encore – et pour longtemps – prisées des médias, des officines et cabinets ministériels où on fait profession de s’en nourrir, ou mieux de les déguster. Dégustation à l’aveugle, de préférence. C’est plus confortable, moins dérangeant. On ne risque pas ainsi le choc toujours terrible de la remise en question.

Les faits, disais-je. L’élection purement et simplement flamboyante de Donald Trump à la présidence des États-Unis, première puissance mondiale, est-il besoin de le souligner.

À observer ces résultats, même d’un œil peu expert – le mien en l’occurrence – on a tôt fait d’en déduire que nos idéologues- sociologues seraient fondés à considérer que les citoyens américains ont vôté absolument n’importe comment. En tout cas, en dehors des cases et catégories électorales qu’ils leurs assignaient, conformément à leurs fumisteries pompeuses, scories d’une discipline universitaire constamment dévoyée.

Des Latinos, des Blacks, des femmes, des d’jeunes, peut-être même des gays et lesbiennes auraient déposé leur bulletin ailleurs que dans la goulette à eux exclusivement dévolue ! On les attendait chez Kamala, on les retrouve chez Donald. Saperlipopette, rien ne va plus ! Où va-t-on ma bonne dame !

Eh bien, il me semble qu’on va enfin dans le bon sens. Il me semble que cette élection et la base formidablement élargie sur laquelle elle repose, sont de précieux motifs d’espérer. Que des communautés échappent au diktat convenu, à l’enfermement dans leur couloir de citoyenneté, qu’elles s’autorisent la liberté de franchir le mur invisible mais farouchement entretenu par les doctrinaires wokistes et consorts, laisse augurer le meilleur à venir, de ce côté-ci aussi de l’Atlantique.

Ces transgressions massives de la norme préétablie, voilà ce que je me permets d’appeler le Jump de Trump. (Ordinairement, je déteste le recours à toute autre langue que le français, mais, dans l’euphorie du moment, je me prends à faire le malin…) Le Jump de Trump. Le saut. Le saut que représente en effet ce passage d’une conscience politique prédéterminée et comme imposée à la manifestation de la liberté démocratique. La liberté du citoyen, décidant lui et lui seul de ses choix.

Par ce vote, le peuple américain (peuple composé pour paraphraser Jacques Bainville parlant du peuple français), par ce vote dépassant les clivages communautaires, les assignations à castes, a magistralement montré au monde entier qu’il se sentait aussi, et peut-être même surtout, une nation.

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Ex-prof de philo, auteur, conférencier, chroniqueur. Dernière parution : « Moi, papesse Jeanne », éditions Scriptus Malvas

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