Plus que le critique, le comédien, le musicien et le danseur, c’est l’ouvreuse qui passe sa vie dans les salles de spectacle. Laissons donc sa petite lampe éclairer notre lanterne !
Le 28 juin 2020, nos élus Verts pas encore descendus de leur nuage ont dû faire un grand zoom écocitoyen pour fêter la victoire. Y’en a un à Lyon, à Bordeaux, à Strasbourg, à Poitiers, à Besançon ou à Annecy qui a demandé : qu’est-ce qu’on pourrait inventer ? Et l’autre a répondu : une par jour. Une quoi ? Une perle. C’est sain. C’est nature. Écosœur, écofrère, soyons ambitieux. Sauvons la planète. Enfilons les perles.
On a eu comme ça le tour de France ennemi du peuple, l’avion de plaisance ennemi du pôle, le bifteck ennemi de la cantine, la 5G amie du porno, le bateau à voile ennemi des étangs, et cetera, et cetera. Un jour une perle. Pari tenu.
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Bourgeoise catho comme chacun sait, Bordeaux enfile ponctuellement selon le calendrier. À Noël, croisade sapinophobe contre les arbres morts. À Pâques, le mois dernier, trois affiches placardées dans toute la ville (sans couper d’arbre ?). Affiche orange : « La cuisine, c’est de la culture ? » Affiche pourpre : « Artiste, c’est un métier ? » Affiche rouge : « La culture, ça coûte trop cher ? » Communication participative qui « s’appuie sur une méthodologie rigoureuse construite sur un principe itératif tout au long du mandat ». « Habitant.e.s appelé.e.s à participer » au questionnaire en ligne, il vous reste jusqu’au 31 mai. Ah non, tiens. Ni coût ni cuisine. Le site debats.bordeaux.fr a changé de questions.
Un peu tard. Vous avez eu le temps de sentir l’effet sur la Toile comme sur les ondes. L’art et la cuisine, au cachot depuis plus d’un an, ont rugi assez fort. Aucun sens de l’humour, ces artistes qu’on sait pas si c’en sont.
Trop chère, la culture ? Et comment, Mam’ Végane ! Avec vos impôts en plus. (Note à l’adjoint municipal : en France, ce qu’on nomme culture emploie 670 000 personnes, pas toutes artistes, c’est peu de le dire. Donc coûte de l’argent [ton salaire compris, cher adjoint]. Mais rapporte 104,5 milliards d’euros directs ou induits, soit 3,2 % de la richesse nationale). Artiste, un métier ? Michel-Ange, Molière, Manet, Mnouchkine, Madonna, Mréjen professionnels ? Pourquoi pas Mozart tant que vous y êtes !
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Oh, j’allais oublier. Deux trucs avant de finir.
1) En 2017, Jupiter a partagé la Terre : en haut les progressistes, en bas les populistes, admettant bien entendu nos doux Verts dans le progrès, et appelant un ex-candidat à la candidature, Nicolas H., dans son gouvernement. Or voilà que les plus progressistes parmi les progressistes, nos grands maires de la révolution écologique, copient leurs affiches sur les plus populistes parmi les populistes, grosso modo la culture « qui tape le portefeuille » vue par le FN époque Jean-Marie. Même langue, même vindicte. « Libérale et populiste » : voilà la culture verte au xxie siècle selon le maître du théâtre progressiste Joël Pommerat. Pro ou pop, le Vert ? On s’y perd.
2) Mi-mars, tandis que nos maires aujourd’huistes cancellent le bifteck et les arts, Prince Michael Jackson, fils aîné de feu Michael Jackson, est l’invité de Fox Soul, chaîne « live and interactive » destinée aux internautes « African American ». Question : « Qu’est-ce que vous écoutiez comme musique à la maison » ? Réponse : « On écoutait le top 10 à la radio, mais aussi beaucoup de musique classique, Mozart, Beethoven. » Beethoven ? Moue des cinq cancellistes médusés. « Et le morceau préféré de Michael Jackson ? » Le fils, joyeux, sans hésiter : « L’Adagio pour cordes de Samuel Barber. » Michael était décancelliste. À qui se fier ? Je vous le demande, Mam’ Végane.