« Antifa » a retrouvé le chemin des rayons. Retiré de la vente par la FNAC après la protestation de syndicats de police et d’élus, ce jeu qui propose un « point de vue antifasciste sur l’actualité » a finalement été remis en vente. Le commentaire d’Elisabeth Lévy sur Sud Radio…
Il est toujours préférable de savoir de quoi on parle. Le Parisien l’a testé pour nous. « Antifa » se joue en équipe avec des rôles comme Hannah la graphiste ou Alex la tête brûlée (tiens tiens ! ils auraient espionné Causeur où nous avons aussi une Hannah et un Alex ?). Vous lancez des dés et vous tirez des cartes-événement. «Des cathos-tradi manifestent contre l’IVG», «Des fachos déclenchent une bagarre dans un bar» ou encore «La présidente du parti nationaliste» tient un meeting. Pour les malcomprenants il est précisé qu’il s’agit de «l’héritière du parti fondé par son père», qu’elle «tente d’offrir un visage plus présentable à l’extrême droite» mais «fait toujours des étrangers les boucs émissaires». « Ça ne vous rappelle rien ? », commente Le Parisien, visiblement ravi par une telle audace qui ne fait que reprendre les âneries sur Marine Le Pen répétées avec ferveur sur France Inter. La riposte des antifas est assez gentillette – normal puisqu’ils sont les gentils : concert de soutien, blocage d’occupation. La plus violente est un lancer de cacatovs, cocktail molotovs composés d’excréments.
Autant dire que ce jeu est assez bêtasson et ne pourra que renforcer le psittacisme des acheteurs. Pour autant, la FNAC n’aurait jamais dû l’interdire, aussi a-t-elle été très sage de le remettre en vente. D’ailleurs, elle est passablement ridicule dans cette affaire : avait-elle renoncé à vendre ce jeu sans même l’examiner ? La sottise et le conformisme ne sont pas pénalement répréhensibles. En revanche, si j’en crois Le Parisien, ce jeu ne contient rien qui puisse être considéré comme un appel à la violence – un jet de merde, ce n’est pas très urbain, mais enfin…
D’abord, mais ce n’est pas la raison essentielle, cette censure a fait une méga-pub au jeu qui s’est arraché le lendemain. Si quelqu’un veut demander l’interdiction de Causeur, qu’il ne se gêne pas.
Certes, la FNAC ne vendrait sans doute pas un jeu identitaire, ce qui est un problème, mais si on interdit les rayons des magasins à « Antifa », où s’arrête-t-on? A-t-on le droit de vendre les œuvres de Trotsky ? Ou, comme l’ont demandé de nombreux internautes, les livres de Renaud Camus ? Rien ne m’agace plus que ces libraires qui, quand on leur demande un ouvrage de cet écrivain, prennent un air pincé pour répondre « nous ne vendons pas ce genre de livres », comme s’ils étaient chargés de la police de la pensée.
L’interdiction, c’est l’arme des faibles. On peut combattre les antifas et les idées qui nous déplaisent par l’argumentation et l’humour.
La liberté d’expression n’a de sens que si elle bénéficie à ceux qui ne sont pas d’accord avec nous – qui voudrait vivre dans un monde où tout le monde pense la même chose ? La cancel culture de droite est aussi déplorable que celle de gauche.
Alors oui, je trouve que les antifas sont aujourd’hui ce qui se rapproche le plus des vrais fascistes. Je déteste leurs idées stupides et parfois dangereuses. Mais je me battrai pour qu’ils puissent les défendre.
>>> Retrouvez le regard libre d’Elisabeth Lévy du lundi au vendredi à 8h15 dans la matinale de Sud Radio <<<
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