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Le Grand Duché tripolaire


Coup de tonnerre dans le ciel politique luxembourgeois. Les murs de la place financière se sont mis à trembler en fin de semaine dernière.

Le CSV,  sorti vainqueur des élections législatives du 20 octobre, a été écarté des transactions au profit d’une coalition contre-nature réunissant les libéraux du DP, les socialistes du LSAP et les écologistes du Déi Gréng.

Arrivé en tête avec plus d’un tiers des voix malgré une perte de trois sièges (23 sièges sur 60), le leader emblématique du grand parti populaire chrétien social, l’indéboulonnable Jean-Claude Juncker, chef du gouvernement depuis 1995, a de quoi fulminer contre cette alliance hétéroclite qui le met finalement hors jeu.

La logique idéologique aurait voulu que le CSV trouve dans les libéraux son allié naturel comme ce fut le cas en 1999 et en 2004. Ainsi, avec les 13 sièges du DP, le CSV aurait disposé d’une majorité assez confortable, logique et efficace pour gouverner (36 sièges sur 60). Cette union entre le premier parti du pays et celui qui a le plus progressé (4 sièges supplémentaires) aurait également reflété l’expression de la volonté démocratique.

Mais le fringant maire du Luxembourg et le chef de file  du DP, Xavier Bettel, a préféré s’allier à des partis opposés politiquement pour mieux renvoyer les chrétiens sociaux dans l’opposition. Résultat : avec 32 sièges sur 60, cette coalition hybride repose sur une majorité fragile susceptible d’être menacée par des violentes attaques tripolaires !

Bettel, que le Grand-Duc Henri a chargé de former le prochain gouvernement, risque d’avoir du mal à trouver la bonne partition pour orchestrer le bal des négociations qui s’ouvre ce mardi. La refonte plus juste du système d’imposition et l’ajout d’un taux d’impôt à 45% pour les couples gagnants plus de 400 000 euros par an (ce qui est très répandu dans un pays qui affiche le revenu par habitant le plus élevé du monde devant le Qatar !) vont très certainement poser quelques problèmes aux libéraux qui veulent mettre l’accent sur la compétitivité du pays.

Mais comme le Luxembourg n’est pas la France, le poids du dogmatisme politique aura de fortes chances de plier sous la force du pragmatisme économique !



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