Accueil Politique « Le FN est la planche de salut du PS et de l’UMP »

« Le FN est la planche de salut du PS et de l’UMP »


« Le FN est la planche de salut du PS et de l’UMP »

nicolas-dupont-aignan

Causeur. Depuis quelques années, Marine Le Pen défend la sortie de l’euro et campe sur des positions souverainistes. Ne vous a-t-elle pas privé d’espace politique ?

Nicolas Dupont-Aignan. Je ne raisonne pas en terme de niche politique. Comme disait le général de Gaulle : « Nous ne sommes pas là pour faire cuire nos petites soupes sur nos petits feux, dans nos petits coins. » Les patriotes sont en train de gagner le combat idéologique ; pour autant, les Français ne leur donneront une majorité que si ce patriotisme est apaisé, serein et rassembleur.[access capability= »lire_inedits »]

Pour moi, l’enjeu majeur est moins de capter l’électorat du Front national que de s’adresser aux millions d’abstentionnistes qui commencent tout juste à comprendre ce que Philippe Séguin, Jean-Pierre Chevènement moi-même et tant d’autres patriotes républicains avions compris il y a vingt ans, dès Maastricht.

Reste-t-il encore des différences de programme entre votre parti, Debout la République, et le FN de Marine Le Pen ?

Vous n’allez pas, vous aussi, tomber dans ce piège tendu par les partis qui ont tous échoué depuis vingt ans et qui, pour se maintenir au pouvoir, n’ont que le mot « Front national » à la bouche ! À Debout la République, nous refusons ce piège mortel pour la France, qui veut obligatoirement assimiler toute alternative politique au Front national. Entre le système et les extrêmes, nous savons que des millions de Français attendent ce patriotisme républicain qui manque tant aujourd’hui.

Pour répondre à votre question, ce n’est pas parce que Marine Le Pen a heureusement repris certaines de nos thèses économiques que notre histoire et notre projet politique doivent obligatoirement se confondre. L’important est en effet de savoir d’où l’on vient et où l’on va. Depuis toujours, je porte les valeurs du gaullisme social.

L’indépendance de la France va pour moi avec le rassemblement de tous les Français, d’où qu’ils viennent. Cette constance dans les idées, cette cohérence dans mes choix, personne ne peut les mettre en doute.

Comme Marine Le Pen, vous souhaitez mettre des barrières aux frontières de la France pour la protéger des flux migratoires …

Je pense qu’il y a un excès d’immigration qui empêche l’assimilation des Français naturalisés récemment. Ce n’est pas une prise de conscience récente. J’ai toujours été opposé aux accords de Schengen, certain que j’étais qu’ils allaient mener à l’anarchie sans frontières. Et ça n’a pas manqué.

Le Front national prône l’« immigration zéro » – ou  10 000 entrées par an, ce qui revient au même – alors qu’à Debout la République, nous souhaitons une immigration maîtrisée mais réaliste. Nous souhaitons la diviser par deux pour ramener le nombre d’entrées à 100 000 par an.

Enfin, je suis maire de banlieue et je vois la grande majorité des jeunes issus de l’immigration aimer la France et tout faire pour s’intégrer. Je n’oublie pas certains mots de Marine Le Pen qui a laissé entendre que tous ces jeunes seraient des Mohamed Merah en puissance. Pour ma part, je pense qu’on ne redressera la France qu’en rassemblant tous les Français d’où qu’ils viennent.

Vous caricaturez quelques peu les positions de Marine Le Pen. Loin de se réclamer d’une vision ethnique de la nation, la présidente du FN n’a que le mot « République » à la bouche…

Il y a encore une différence entre ce que propose Marine Le Pen et ce que dit et vit son parti. Le FN cache une ambiguïté : il y a la devanture, et puis l’arrière-boutique… De mon côté, en tant que gaulliste, j’aspire au rassemblement de tous les Français, indépendamment de leurs origines. Notre modèle civilisationnel passe par un ensemble de droits et de devoirs, l’égalité des sexes, l’École laïque et gratuite, les services publics, etc.

La présence des musulmans pose-t-elle problème au « modèle français » ?

Oui et non. Non si la République est ferme, oui si la République est lâche face aux intégristes. Le premier problème est notre capacité d’assimilation. Osons d’abord contrôler nos frontières pour gérer l’afflux d’immigrés. Une fois que l’on a géré ce flux, reste à faire primer la sphère publique sur la sphère religieuse. Ce n’est pas une mince affaire, d’autant que, lorsque la République est faible, elle favorise les communautarismes les plus intégristes. L’Histoire se répète : comme, au début du siècle, elle le fut avec les catholiques, la République doit aujourd’hui rester ferme avec les musulmans. Il ne faut rien lâcher sur les principes, pour ne pas basculer dans une guerre civile entre, d’un côté, une communauté musulmane qui peut se renfermer, et de l’autre un identitarisme malsain qui n’a rien à voir avec la France.

À propos de laïcité, que pensez-vous de l’affaire Baby-loup ?

Je soutiens le principe d’une nouvelle loi. Le port de signes religieux devrait être interdit dans les entreprises dès lors qu’il y a un accueil du public. C’est une question vitale ! Il faut tuer l’intégrisme dans l’œuf.

Votre « patriotisme tranquille » ne fait pas autant recette que les harangues du Front National contre l’islam et l’immigration. Cela vous inquiète-t-il ?

Pas du tout ! Cessons de vouloir faire du Front national le mètre-étalon de la vie politique.  Aujourd’hui, on ne peut être sûr que d’une chose : les partis au pouvoir depuis trente ans, UMP et PS, sont finis. Plus jamais les Français ne leur feront confiance. Leur seul espoir est de pousser les Français dans l’abstention et d’assimiler toute alternative politique au Front national.

Déjà, lors de la dernière élection présidentielle, les votes se résumaient à des votes de contestation, d’opposition ou de résignation. Ceux qui votaient Nicolas Sarkozy le faisaient pour éviter la gauche au pouvoir, ceux qui votaient François Hollande le faisaient parce qu’ils en avaient assez de Nicolas Sarkozy, ceux qui votaient Marine Le Pen le faisaient pour en finir avec l’UMP et le PS…

L’enjeu de DLR est d’offrir un vote d’adhésion, car c’est le seul qui permettra aux Français de se rassembler et au pays de réussir.

Ce déclic passe peut-être par la mort de l’euro, que vous jugez inéluctable. Pourtant, depuis quelques semaines, la situation des pays en crise comme l’Espagne, le Portugal et l’Irlande semble s’améliorer…

Au contraire, le pire est devant nous ! Si certains indices économiques s’améliorent légèrement, le traitement de choc imposé aux peuples reste aussi inefficace que douloureux. En Grèce, le montant de la dette ne cesse de s’accroître, ce qui obligera bientôt les Européens à remettre la main à la poche. Le chômage et la souffrance sociale atteignent des niveaux monstrueux. L’euro est condamné, y compris en Italie et en France, deux pays dont la faillite ne pourra être évitée par aucun fonds européen ! Nul ne sait précisément quand ni comment ce système s’écroulera, mais ce n’est qu’une question de temps…[/access]

*Photo: Hannah. 

Novembre 2013 #7

Article extrait du Magazine Causeur



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