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Mon père ce héros

« Le fils du Gouverneur », de Jean-Marie Baron (Éditions Baker Street, 2023)


Mon père ce héros
Jean-Marie Baron D.R.

Dans son nouveau livre, Jean-Marie Baron brosse le portrait de son père, un personnage haut en couleurs qui a traversé avec panache le XXe siècle. Un goût de l’aventure partagé par son fils…


La vie réserve à certains des destins hors du commun, des surprises et des réussites que les romanciers les plus chevronnés n’oseraient imaginer pour leurs propres personnages. Ainsi en a-t-il été pour François Baron (1900-1980) qui, avant d’être le dernier gouverneur de l’Inde française, a été compagnon de route des surréalistes dans le Paris des années Vingt (il figure en bonne place sur la photo historique de la Centrale surréaliste par Man Ray en 1924), puis administrateur des colonies à Dakar et à Mopti, sur les rives du Niger.

Il est administrateur de Chandernagor lorsqu’il entend l’Appel du 18-juin. Et il est le premier Français de l’étranger à y répondre. Le voici happé une nouvelle fois par l’histoire. C’est en tant que délégué général de la France libre pour tout l’Extrême-Orient qu’il est dès lors basé à Singapour. Au bar de l’hôtel Raffles, il passe ses soirées avec Hemingway à se remémorer leurs amis de Montparnasse ; mais après Pearl Harbour, il se trouve là aux premières loges pour constater la progression fulgurante des armées nippones alliées de l’Allemagne – Philippines, Pacifique sud, Malaisie… Sa tête est mise à prix par les Japonais et s’il échappe de peu à un empoisonnement à la strychnine c’est, selon lui, grâce à son addiction à l’opium ! Un contrepoison…

L’objectif est désormais de rejoindre le Général à Londres. Et la route la plus sûre n’est pas la plus courte : son périple le mène à Calcutta, Bombay, Djibouti, Le Caire puis Alger. Arrivé dans la capitale britannique, il se noue d’amitié avec Joseph Kessel et Maurice Druon. Tout en raillant avec bienveillance « leur Marseillaise », François Baron les aide à achever Le Chant des partisans

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En 1945, retour en Inde. Gouverneur de Pondichéry, il sent encore que le sens de l’histoire va bientôt tourner. Il entretient d’excellentes relations avec Nehru et entame ce qu’il considère comme sa « dernière et grande aventure », spirituelle cette fois, en devenant disciple du sage et philosophe indien Sri Aurobindo.

Jean-Marie Baron a une dizaine d’années lorsqu’il est envoyé chez son père, en son palais du Gouverneur, au début des années 1960. Premier séjour dans ce « monde à l’envers, sans doute le plus dépaysant de tous où, lorsqu’on croit comprendre, saisir, toucher du doigt, on se heurte à l’intangible. Un monde grouillant de bruit et de fureur mais qui s’inscrit dans une autre mesure du temps. Un monde, enfin, où les gens qui passent dans la rue sont les mêmes, depuis mille ans, que ceux qui ornent les fresques des temples, où le mendiant le plus scrofuleux sait que la vie n’est qu’un passage et que les dieux font le reste… »

Le fils du gouverneur n’a pas à faire la guerre, mais il a de la route à faire. En Inde bien sûr, mais aussi au Pakistan, en Afghanistan, jusqu’à Hong-Kong et New York.

Cet univers d’hommes et de héros, de soldats et d’uniformes, est traversé par deux femmes. Celle que l’on appelle mystérieusement la « Mère de l’ashram de Pondichéry », Mirra Alfassa ; et Carmen, la mère de l’auteur qui, malgré ses origines basques et mexicaines, a été la plus parisienne des Parisiennes. Intime de Christian Dior, elle a créé ses premières boutiques, mais ce sont là d’autres aventures familiales.  

Le fils du Gouverneur, de Jean-Marie Baron, Éditions Baker Street, 2023. Jean-Marie Baron signera son livre à l’occasion du festival Lumexplore, à La Ciotat, du 20 au 24 septembre.

Le fils du Gouverneur

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Journaliste. Dernière publication "Vivre en ville" (Les éditions du Cerf, 2023)

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