A la une de La Montagne, un des quotidiens régionaux les plus littéraires de France puisqu’il accueillit les signatures d’Alexandre Vialatte et François Taillandier, ce mercredi 18 avril, une information pour le moins inquiétante. A Sainte-Fortunade, en Corrèze, lors de l’élagage d’un petit bois, Marie, âgée de 88 ans, s’est souvenue in-extremis que deux grenades avaient été déposées au creux d’un arbre en 1945 par un maquisard. Il a fallu faire intervenir les services de déminage pour faire exploser les engins.
L’explication de Marie nous semble cependant un peu courte. Non seulement la Corrèze hollandiste en cette période électorale fait preuve de mauvais esprit et voit nombre d’élus chiraquiens laisser entendre plus ou moins discrètement leur intention de ne pas voter pour le président sortant mais n’oublions pas non plus que nous ne sommes pas très loin du grand maquis communiste du Limousin où Georges Guingouin, à la tête de plus de vingt mille hommes, fit preuve d’une certaine réticence à déposer les armes à la Libération parce qu’il voulait en profiter pour faire la Révolution, s’attirant les foudres des gaullistes et des communistes.
Sans doute Marie n’a-t-elle pas voulu ajouter aux grandes peurs de la droite devant l’éventualité d’un bon score du Front de Gauche et/ou d’une alternance socialiste : attaque des agences de notation, offensive des marchés, appropriation collective des moyens de production, tsunami, guerre avec l’Allemagne, goulag. C’est pourquoi elle n’a pas avoué que c’était le fantôme rouge de Guingouin qui était venu déposer les grenades au creux de l’arbre, donnant le signal d’une insurrection armée, nouvelle calamité en sus de tous les malheurs qui pourraient s’abattre sur notre pauvre France.
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