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Le droit de vote aux Français !


Superdupont (Lob-Gotlib-Alexis)

Sarkozy ne s’est pas trompé : la question du vote des étrangers aux élections locales divise les Français. Cette querelle franco-française − et même sarkozo-sarkozyste, puisque le Président fut pour avant d’être contre − ne semble pas passionner les résidents étrangers et on les entend peu parmi la foule des braillards qui, habituellement, réclament des droits. Vivant depuis des années dans un pays où l’on n’a aucun droit d’accès à la déchetterie d’une commune voisine quand la sienne est exclue d’accords inter-ordures qui échappent aux commun des votants, peut-être ne voient-ils pas bien comment une carte d’électeur changerait leur quotidien. Mais le sujet dépasse les intérêts particuliers de Rachid, Hans ou Pépito qui, heureux comme des papes en France, n’en demandent pas tant. Il est devenu un combat politique pour une partie des Français disons « sans frontières », mécontents que la République entende réserver l’exercice de la citoyenneté à ses citoyens. Ainsi, à entendre les partisans du « pour », une France où les Français ont un peu plus de droits que les autres, ce n’est pas une chance, c’est une discrimination xénophobe. Il faut beaucoup d’indignation et peu de bon sens pour en arriver là.

Le droit de vote est le droit pour un élément de présider par procuration aux destinées de son ensemble, pour un individu de désigner les représentants de sa communauté. Or, dans son organisation politique, la communauté française est nationale. La République est française et il n’y a pas de haine de l’étranger quand elle choisit de ne s’appuyer que sur des épaules françaises pour choisir ses représentants.[access capability= »lire_inedits »] Il n’y a pas de rejet si, le jour du vote, la France ne convoque pas ceux de ses habitants pour qui, et c’est leur droit le plus inaliénable, elle est surtout une résidence. Il n’y a aucune phobie à limiter le droit des ressortissants étrangers à faire la loi chez nous. Cette loi de la République n’est pas xénophobe, elle est discriminatoire. C’est une simple préférence nationale comme nous en bénéficions tous, elle refuse à l’étranger ce qu’elle accorde au Français et maintient entre eux une frontière, une limite aux citoyennetés respectives. Comme tout le monde, le Français a en France des droits que le reste du monde n’a pas, comme l’homme libyen aura bientôt des droits chez lui que nous n’avons même pas chez nous. Ce qui fait que nous sommes la France et pas le reste du monde, c’est une frontière. On peut toujours en discuter le tracé, mais vouloir l’abolir reviendrait à effacer notre citoyenneté pour devenir des citoyens du monde et il faut être Français et pas fier de l’être pour rêver à un tel avenir.

Nous avons mieux à faire que nous effacer. Au lieu d’abolir la citoyenneté française, nous la proposons. Il n’y a pas de rejet, il y a un projet. La naturalisation est ouverte et offerte aux étrangers résidents contre quelques signes d’intégration et obtenue presque automatiquement à l’ancienneté de présence sur le territoire. Elle donne le droit de vote contre un engagement citoyen, c’est bien. Qui dit mieux ? Que l’étranger se sente ici comme chez lui ? On voit aujourd’hui, de Marseille à Montfermeil, combien le mieux est l’ennemi du bien. Il est pénible d’avoir à le rappeler, mais ce n’est pas à la France d’adapter ses lois à ses invités c’est l’inverse. Si la République est un projet, pour le faire avancer il faut y adhérer : c’est la voie de l’assimilation. Inclure, pas exclure, fabriquer des Français, voilà l’objectif que poursuivent les résistances « conservatrices et xénophobes ».

Mais oublions les principes et regardons les réalités. Depuis 1992, les Européens installés en France élisent leur maire. Ainsi, les Anglais peuvent voter à Azincourt et les Allemands à Verdun sans que cela suscite la moindre inquiétude ou la moindre réticence. Les résidents européens s’invitent dans nos isoloirs aux élections locales car nous partageons avec eux une citoyenneté, nous sommes tous des citoyens européens, et la France ne s’en trouve pas défigurée. Nous partageons aussi une civilisation, on pourrait presque dire que nous avons été élevés ensemble. C’est peut-être pour cela que les communautés de retraités britanniques qui ont choisi la ruralité française ne tentent pas d’imposer le porridge ou les saucisses à la menthe à la cantine. Nous croient-ils encore capables de les bouter hors de France ? Je gage plutôt qu’un « vivre-ensemble » réussi a permis une communion dans les urnes.

On ne peut pas en dire autant avec tout le monde. Même les sociologues du Monde ouvrent les yeux sur l’échec de l’intégration dans les zones où les populations immigrées se concentrent. Une partie des Français musulmans d’origine étrangère s’évertue à islamiser son environnement et y parvient face à des maires pour qui le clientélisme est la voie de la réélection, et la laïcité un principe encombrant et un obstacle contournable. Dans ces communes, le droit de vote donné aux étrangers résidents pourrait grossir les rangs d’un vote français, communautaire, ethnique ou religieux. Ce ne serait pas très républicain. La carte électorale de la dernière élection présidentielle doit faire réfléchir. Dans les mêmes communes, les cités immigrées ont voté Ségolène Royal à 80% et les zones pavillonnaires blanches voisines ont choisi Sarkozy dans les mêmes proportions. Dans ces conditions, on voit bien ce que la gauche peut gagner avec le vote des étrangers, et Terra Nova[1. Il y a gauche et gauche : André Gérin à Vénissieux, Manuel Valls à Evry ou encore les militants du Front de Gauche de Grigny qui refusent de céder le terrain aux islamistes, et la gauche antiraciste des centres-villes et des plateaux télé.] l’expliquerait mieux que moi : on voit surtout ce que la France peut perdre.

Dans les localités du Périgord peuplées de Hollandais, il y a peu de risques qu’une majorité de Bataves emportant la mairie prohibe le saucisson et le pinard − ils sont venus pour ça − mais à Chanteloup-les-Vignes, un conseil municipal barbu soutiendrait-il une crèche laïque[2. Baby-Loup, crèche associative ouverte 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24, a dû affronter l’hostilité des islamistes locaux après avoir licencié une salariée qui refusait d’ôter son voile. C’est au nom de la laïcité que le Conseil des Prudhommes de Mantes-la-Jolie, puis la Cour d’Appel de Versailles, ont estimé que ce licenciement était légitime.] ? À Montfermeil, un imam a prévenu le maire : « Monsieur le maire, en 2014 vous serez peut-être encore réélu, mais en 2020 ce sera nous. C’est mathématique, car nous serons majoritaires. » Quel enfer multiculturel où les premiers maires islamistes modérés édicteront bientôt leurs premiers arrêtés municipaux aura encore pavé une bonne intention égalitaire ? Les plus xénophiles d’entre nous célèbreront-ils alors le « printemps des banlieues » ?

Comme souvent, je préférerais avoir tort. J’aimerais que, dans quelques élections et quelques générations, on ne voie que des Français. Accorder le droit de vote aux étrangers était, avec la fin de la double peine, une des idées généreuses de Sarkozy, une avancée. Il aurait fallu, pour que ce « progrès » soit accueilli avec bienveillance, ne pas négliger un autre objectif sarkozyste : « choisir » l’immigration. J’aurais deux mots à dire à celui qui choisit.

Longtemps, le droit de vote fut refusé aux femmes car on redoutait qu’il serve la Réaction et ramène aux affaires la bigoterie. On avait tort, il y eut le droit mais pas de vote féminin et les misogynes furent déçus en bien. Faut-il craindre aujourd’hui un vote étranger ? Dans l’état actuel de l’immigration française et des révolutions arabes, j’en ai peur. L’Histoire sert parfois de bonnes surprises, mais les islamistes sont plus prévisibles que les femmes.[/access]

 

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Décembre 2011 . N°42

Article extrait du Magazine Causeur



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Cyril Bennasar, anarcho-réactionnaire, est menuisier. Il est également écrivain. Son dernier livre est sorti en février 2021 : "L'arnaque antiraciste expliquée à ma soeur, réponse à Rokhaya Diallo" aux Éditions Mordicus.

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