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Le dilemme du Grand Arnaud


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Le rideau s’ouvre dans la grande salle d’un château-fort dominant la Saône, près de Macon. Un grand feu brûle dans la cheminée. Le vicomte Arnaud de la Bresse s’entretient avec Aquilino, son conseiller et ami des bons et mauvais jours.

Arnaud
Mon ami, quel bonheur ! Il suffit d’une soirée
Et le charmant garçon se mue en coryphée !
Le chœur de ces primaires, c’est moi qui le conduit.
Une reine ou bien un roi ? Sans Arnaud rien n’est dit !
Pouce en haut, pouce en bas, tel un César romain
Je peux de l’une ou l’autre façonner le destin.
Cela me remplit d’aise, mais il faut faire un choix
Tes conseils sont précieux, fais entendre ta voix !

Aquilino
Messire Arnaud tout doux ! En de telles circonstances
Il faut rester modeste, et s’armer de prudence.
On vous fête dehors, les flatteurs se déchaînent
Craignez que vers l’abîme l’ubris ne vous entraîne !
Il faut choisir, c’est vrai, ou Martine ou François
Pour mener un combat qui ne va pas de soi…
Nicolas semble à terre, mais méfions nous de lui
Sa vaillance est intacte, rien n’est jamais acquis.
Pour bouter hors du trône ce suppôt d’Attila
Que tous les braves se lèvent et clament : « Me voilà ! »
Mais qui sera leur chef ? Le grognard est perplexe
Il faut lui parler clair, mais l’affaire est complexe…

Arnaud
Du héros si glorieux revenu de campagne
L’humilité doit être la revêche compagne.
J’ai compris la leçon, et sois en remercié.
Seulement de mon tourment, il faut te soucier.
Et m’aider à trancher aujourd’hui, pas demain !
Moscovici me presse, Cambadélis itou.
Si cela continue, ils vont me rendre fou.
Martine ? Je me souviens du piège de Marseille !
François ? Je n’aime pas trop les amis de la veille !

Aquilino
Ton cœur est partagé, et ta méfiance est grande
Le mien l’est tout autant : puisque tu le demandes,
Permets-moi d’éclairer ce chemin hasardeux.
Ils te veulent bavard ? Eh bien fait le taiseux !
Laisse planer le doute, attends que de leur joute
Sorte enfin le vainqueur qui montrera la route.
Parmi ses compagnons, tu seras le premier
Et cela sans devoir, jamais, te renier !

Arnaud
Ami, tu parles d’or, et je m’en vais céans
Cultiver le silence au bord de l’océan !



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