Une des plus belles incarnations de la résistance au dévoiement de l’idée communiste en Tchécoslovaquie, Vaclav Havel, est mort. Il n’aura pas eu le bonheur d’apprendre la disparition quelques heures après, d’un des symboles les plus ridicules et les plus sanglants de ce dévoiement : celle de Kim Jong-il, grand successeur de son père, le tout aussi sinistre Kim Il Sung, immortel soleil rouge de la Corée du nord. Les Tchécoslovaques avaient bien tenté au cours de leur histoire récente un soulèvement, en 1968, et la construction d’un communisme à visage humain avec Dubcek.
Cette tentative fut impitoyablement écrasée par les chars russes et faut-il le rappeler, condamnée par le PCF de l’époque en la voix d’Aragon qui parla de « Biafra de l’esprit ».
Le Biafra de l’esprit et des corps, hélas, va continuer en Corée du Nord, puisque la succession semble assurée par le fils de Kim Jong-il, Kim Jong-un qui s’apprête à appliquer sans sourciller le « Juché », idéologie hybride nationaliste, dynastique et autarcique qui n’a plus de communiste que le nom, comme n’avait plus grand chose de communiste le pouvoir tchèque nomenklaturiste qui allait s’effondrer aux premières manifestations de la Révolution de velours en 1989. Une révolution que l’on ne peut que souhaiter au peuple coréen, histoire de soulager les Coréens mais aussi les anticommunistes du monde entier sans compter les communistes qui aimeraient bien que le beau mot de communisme ne soit plus associé aux délires ubuesques de fous furieux qui meurent dans leurs trains blindés comme des méchants de Corto Maltese.
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