Les émeutes qui ont ravagé la France n’ont été accompagnées d’aucune revendication. De quoi dérouter les sociologues et politiques les mieux intentionnés qui ne peuvent admettre le caractère imbécile et clanique de ces violences. Cela suffira-t-il à désarmer le camp du déni ? Pas sûr. Mais beaucoup de Français sont de moins en moins résignés à vivre parmi tant de petits anges.
Beaucoup l’ont redoutée, d’autres, secrètement espérée. Pendant ces nuits où, sur nos écrans, défilaient des images de villes en flammes, de nombreux Français ont pensé que, cette fois, on y était – que la guerre civile commençait en vrai. Comme à chaque fois, ça s’est tassé une fois les razzias finies. Il est vrai qu’après des discours d’apaisement tenus au plus haut niveau de l’État (avec le succès que l’on sait) et deux nuits de quasi-laisser-faire, le changement de cap du gouvernement, la mobilisation policière et l’inhabituelle sévérité de la justice – qui a même envoyé quelques casseurs en prison – ont pu donner l’illusion d’une riposte ferme. Et puis, il y a la fatigue, la lassitude : cette génération biberonnée au « tout, tout de suite » se lasse vite. Même de détruire.
Retour au vivre-ensemble
Au moment où nous bouclons, le président s’est félicité du retour au calme, c’est-à-dire, on suppose, au vivre-ensemble tel qu’il se pratique au quotidien au rythme des agressions, des règlements de comptes et des incivilités. Mais on peut se demander ce qui se passerait si toutes les cités « sensibles » décidaient
