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« Le Chili est une démocratie solide »

Entretien avec Andrès Allamand, ministre des Affaires étrangères du Chili


« Le Chili est une démocratie solide »
Andrès Allamand (à gauche), à Madrid, le 3 décembre 2020. © Kiko Huesca (es-ES)/EFE/SIPA Numéro de reportage : 00993702_000001

Andrès Allamand, le ministre des Affaires étrangères du Chili, était en visite officielle en France le 2 décembre 2020. Il a accordé un entretien à Conflits pour évoquer la situation sociale au Chili et la coopération avec la France. Propos recueillis par Jean-Baptiste Noé.


 

Conflits. Où en est la situation sociale au Chili ? La situation est-elle aussi difficile qu’à l’automne 2019 ?

Andrès Allamand. Le Chili a eu le mérite de canaliser l’explosion sociale de 2019 à travers une procédure très démocratique, participative et institutionnelle, loin de la violence. Nous pensons que c’est ainsi qu’il faut aborder les crises politiques : avec plus de démocratie et plus de participation. Et nous avons actuellement un processus qui devrait nous conduire à une nouvelle constitution qui, d’une certaine manière, façonnera l’horizon du pays pour les prochaines décennies.

Quelle est la suite du processus institutionnel ? Comment la constitution va-t-elle être rédigée ?

Le processus chilien comprend trois étapes. D’abord, un référendum d’entrée, par lequel les Chiliens ont décidé qu’ils voulaient une nouvelle constitution, laissant l’ancienne en arrière. Ensuite, en avril, une convention constituante de 155 membres sera élue. La commission durera 9 mois, avec possibilité d’extension d’un an, et devra rédiger la nouvelle constitution. Enfin, il y aura un deuxième référendum, un référendum final ou de sortie, dans lequel le processus sera ratifié afin qu’il devienne un processus participatif, démocratique et institutionnel.

Si le projet de texte constitutionnel n’est pas ratifié, faudra-t-il recommencer le processus ?

Non, et c’est une très bonne question. Si le texte n’est pas ratifié, cela signifie que la constitution actuelle reste en vigueur. Ainsi, puisque les Chiliens ont décidé qu’ils voulaient une nouvelle constitution, cela incitera les membres de la convention à rédiger un texte que les citoyens approuvent.

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La convention aura lieu dans un environnement politique très actif. Les Chiliens ont hâte de savoir quel sera le contenu de leur constitution, à quoi ressemblera le régime politique et, surtout, comment leurs droits sociaux seront garantis. En particulier, comment le droit à l’éducation, le droit à la santé et le droit à la sécurité sociale seront établis. Ce sont les domaines qui requièrent le plus d’attention.

Manifestants contre la politique du Président Sebastian Pinera à Santiago du Chili le 24 octobre 2019 © Jose Miguel Rojas/SIPA Numéro de reportage: 00929562_000008
Manifestants contre la politique du Président Sebastian Pinera à Santiago du Chili le 24 octobre 2019 © Jose Miguel Rojas/SIPA Numéro de reportage: 00929562_000008

Quelles sont les causes de cette instabilité sociale ? En France, on a évoqué la hausse du prix de ticket de métro de Santiago comme cause principale. Est-ce la réalité ?

Je pense que le cas du Chili devrait attirer l’attention à l’étranger car, sous la surface des bons résultats économiques et sociaux des trente dernières années, des troubles sociaux ont été installés petit à petit. Ce malaise s’est exprimé très fortement en 2019. Voilà une leçon importante pour tous : les explosions sociales ne se produisent pas seulement dans les pays qui connaissent de graves problèmes économiques et sociaux, mais aussi dans les pays qui ont une histoire de réussite. Par exemple, les manifestations sociales peuvent se produire dans des pays qui ne sont pas sur une trajectoire de développement prospère. Cela peut être dû à la corruption ou à la faiblesse du progrès social. Je pense en particulier à certains pays de la région qui sont dans une très mauvaise situation économique. Et, bien sûr, à certains pays d’Afrique et d’Asie. Dans le cas particulier du Chili, il s’agit des manifestations dans un pays qui suit une trajectoire de réussite. Aucun pays n’est donc à l’abri de la contestation sociale. Le Chili est une démocratie solide, elle respecte les droits individuels, et elle est intégrée dans le monde. Et, malgré cela, il a subi des manifestations. Les gouvernements doivent donc être particulièrement attentifs aux causes qui, parfois, sont submergées, mais qui surgissent soudainement avec une grande force.

Comment pensez-vous faire l’unité de la nation chilienne indépendamment des présidents, des gouvernements, etc. Comment voyez-vous les années à venir ?

La politique mondiale actuelle est une politique de grande polarisation et de grande confrontation. Regardez les États-Unis : ils sont plus polarisés que jamais dans leur histoire. Par conséquent, l’une des tendances de la politique mondiale est ce type de polarisation. Le Chili a la possibilité de…

>>> Lire la fin de l’article sur le site de la revue Conflits <<<



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Rédacteur en chef de Conflits, il dirige le cabinet de formation Orbis Géopolitique.

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