Un moment d’absence, pardon. C’est qu’il n’y avait pas grand-chose à se mettre sous la dent. Ce matou de Hollande qui continue à jouer avec la souris Angela, un gouvernement sympathique et pataud, une droite qui s’annonce pire que la précédente, tout cela pouvait attendre un peu. Mais pas l’euro, semble-t-il.
La zone euro – rien que cet intitulé aurait dû alerter les plus europhiles – ressemble désormais à « La Méduse », ce bâtiment qui sombra en 1816 au large des côtes africaines. On y est déjà en train de dessiner les plans du radeau et de sélectionner ceux qui auront la chance (?) de monter à bord.
Il y a le plan A, comme Allemagne, A comme austérité : puisque l’on doit tous mourir à la fin, autant commencer, tout de suite par les plus faibles. Les Grecs en hors-d’œuvre donc.
Il y a le plan B, comme BCE : puisqu’une banque centrale, à l’instar de la Réserve fédérale américaine, de la Banque du Japon, de celle d’Angleterre, est « prêteur en dernier ressort », pourquoi la BCE n’achèterait-elle pas les Bons du Trésor (oui, de la dette) de chacun des pays membres ? Ce qu’elle fait bien déjà pour les banques, dont ni la solidité ni la pérennité ne paraissent mieux assurées que celle des Etats. On ne voit pas en quoi cette solution de bon sens porterait atteinte à l’indépendance de la BCE, qui resterait libre de contracter ou non, à ses propres conditions, par définition meilleures que celles du marché.
Mais pour accepter l’euro, l’Allemagne a pris la BCE en otage. Peur de l’expansion monétaire, hantise de l’inflation, défiance de rentier pour l’emprunteur surtout. La BCE est indépendante de tout, sauf des névroses de l’Allemagne. La Banque de Francfort est un totem.
Alors, il a fallu inventer un leurre, un plan C, comme comète : les eurobonds. Les cigales et les fourmis qui font pot commun. De fait, la carte de crédit de l’Allemagne à la disposition de tous. Pas trop difficile de rallier les cigales à ce projet mirobolant. Du coup, Angela s’est précipitée sur ce miroir aux alouettes.
On en arrivera donc in fine au plan B, comme l’a très bien anticipé Mario Draghi, le président de la BCE, prêt à jouer pleinement le rôle de Banque fédérale. Plus de tabou pour le totem. Bien joué le chat.
Retrouvez les articles de William Abitbol sur son blog
Causeur ne vit que par ses lecteurs, c’est la seule garantie de son indépendance.
Pour nous soutenir, achetez Causeur en kiosque ou abonnez-vous !