Le PS, tiraillé entre la social-démocratie et les sirènes révolutionnaires, cultive un complexe moral et intellectuel vis-à-vis de LFI. Le parti de Jean-Luc Mélenchon est devenu le moteur d’une famille politique déchirée, tout juste capable de s’entendre quand ses intérêts électoraux convergent.
Quel lien y a-t-il entre un Jean-Luc Mélenchon hégémonique qui, au soir du deuxième tour des législatives, a martelé sur un ton rageur « le Nouveau Front populaire appliquera son programme, rien que son programme, mais tout son programme » et un Raphaël Glucksmann, qui veut rompre avec LFI et souhaite, dans son interview au Point, « tourner la page Macron et Mélenchon » ? Qu’est-ce qui les rassemble par-delà cette improbable tambouille électorale qui a permis un résultat que seul un scrutin à la proportionnelle intégrale aurait enrayé ?
Quand le Nouveau Front populaire se mettait d’accord pour soutenir Mme Castets
Le choix du NFP de Lucie Castets pour Matignon en dit long sur le climat de folie qui s’est emparé de toute la classe politique, de l’impasse dans laquelle elle se trouve. Cette parfaite inconnue, énarque non élue de la Ville de Paris, est devenue l’improbable point de convergence d’une gauche réunie, mais incapable de désigner l’un de ses leaders. Parce que tous lorgnent sur 2027. Et peu importe si ces temps agités exigent plus que jamais un Premier ministre populaire, prompt à rassurer, capable d’affronter la tempête dans l’Hémicycle.
Le cartel électoral du Nouveau Front populaire, qui a permis à ses composantes (LFI, PS, PCF, Écologistes) de sauver un grand nombre de fauteuils de députés lors des dernières élections législatives et de briguer le poste de Premier ministre, nous a offert, depuis, le spectacle déplorable de ses profondes divisions. La photo de ses leaders se rendant tous ensemble à l’Élysée, après des semaines de manigances et d’invectives publiques, pendant la « parenthèse magique » des JO, n’est pas sans rappeler l’image ironique des protagonistes du film de Luis Buñuel, Le Charme discret de la bourgeoisie, marchant côte à côte sur une route isolée, unis malgré eux par-delà leurs déchirements et leurs frasques.
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Il est loin, le temps où François Mitterrand régnait sur le pays durant deux septennats, moyennant tout de même deux cohabitations. La dénonciation, dans Le Coup d’État permanent (Plon), d’une dérive toute-puissante de la pratique du pouvoir, celle à ses yeux du général de Gaulle, remonte déjà à soixante ans ! Le leader socialiste
