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Le CCIF étend ses activités à l’international

L'organisme menacé de dissolution compte de très nombreux soutiens en Occident


Le CCIF étend ses activités à l’international
L'imam Yasir Qadhi, photographié ici au Texas en mai 2020, prédit que la France et sa laïcité seront relégués aux livres d’histoire © LM Otero/AP/SIPA Numéro de reportage: AP22478160_000001

Si des manifestants appellent au boycott de produits français dans les pays musulmans, et s’étranglent contre les propos d’Emmanuel Macron sur les caricatures, il ne faut pas sous-estimer les intenses campagnes dénigrant la France en Occident. Ces campagnes victimisent les musulmans et font la promotion d’un amalgame entre notre laïcité et « hate speech ».


Il serait dangereux de fermer les yeux sur les liens entre islamistes qui font fi des frontières. Le CCIF vient d’annoncer sa décision d’étendre ses activités à l’international pour s’assurer de la continuité de ses opérations et “protéger ses équipes”. Pendant que la colère populaire gronde contre Macron dans le monde arabo-musulman, on aurait tort de ne pas se pencher sur la fureur des islamistes occidentaux, certains très influents, qui vilipendent Macron de Londres à la Californie en passant par New York.  

Quoi que l’on pense du CCIF, complice aveugle de l’islamisme qu’il refuse de nommer ou “officine islamiste” selon Gerald Darmanin, une chose est sûre: il ne s’agit pas de modérés et leurs partisans ne le sont pas non plus.

Le CCIF trouve refuge à l’étranger

C’est sur le site islamiste britannique, 5Pillars, que le CCIF a annoncé son intention de poursuivre ses activités de l’étranger et d’y développer d’autres projets, notamment une unité de réponse juridique renforcée, un centre de recherche comprenant un centre de collecte de données, ainsi qu’un centre de production médiatique et culturel. Le CCIF y exprime également son espoir que ce projet servira à protéger les libertés fondamentales des communautés musulmanes en France.

Ces projets auront certainement un coût assez élevé, le CCIF bénéficie donc de généreux mécènes. Les islamistes anglo-saxons ne cessent d’exprimer leur soutien indéfectible à leur coterie française. Rien d’étonnant à ce que le CCIF, menacé de dissolution en France, décide de se réfugier à l’étranger où les islamistes condamnent furieusement Macron et la France elle-même et où le CCIF n’aura donc aucune peine à dénicher des alliés. 

Au Royaume-Uni, toujours dans le très peu respectable 5Pillars, c’était au tour de l’islamiste britannique Abdul Wahid, dirigeant de l’organisation islamiste Hizbut Tahrir, d’exprimer son point de vue dans un article plaisamment intitulé “Mais non, Monsieur Macron! Le problème est la laïcité et l’islam peut être la réponse.” Wahid y accuse Macron de colporter des sottises et en profite pour annoncer sa conférence qui se tiendra le 31 octobre.

En route vers le califat!

Le but de Hizbut Tahrir est de rétablir le califat; lors de cette conférence, Wahid compte démontrer que les idées et valeurs islamiques ne pourront être réalisées sans califat. Il a aussi la ferme intention de rappeler à ses coreligionnaires qu’établir l’islam en tant qu’autorité politique à un niveau national n’offre pas seulement une solution aux problèmes du monde musulman mais serait également un exemple pour l’humanité entière en démontrant que ce devrait être le cas au niveau international. 

Un peu plus à l’ouest, aux États- Unis, le Council on American-Islamic Relations (CAIR), fondé à l’origine pour poursuivre les objectifs des Frères Musulmans, se réclame, comme beaucoup d’organisations islamistes américaines, de la gauche. Contrairement à la confrérie aux branches étendues à travers le monde, CAIR a en grande partie abandonné ses ambitions religieuses pour se concentrer sur la politique: combat contre le racisme, contestation des politiques de Donald Trump concernant l’immigration, et lutte contre les incarcérations abusives. Ce qui, par ailleurs, ne l’empêche pas d’être dirigé par des antisémites dont la sympathie est réservée au Hamas. 

A lire aussi: La laïcité ne peut être aimée, si l’on n’a pas rendu aimable le pays qui l’a inventée

Depuis le discours de Macron aux Mureaux, CAIR mène l’offensive contre la France. Le 22 octobre, CAIR appelait la U.S. Commission on International Religious Freedom (USCIRF) à enquêter sur le “châtiment collectif” que la France infligerait à sa communauté musulmane.

CAIR réprouve, bien sûr, la dissolution d’organisations considérées comme islamistes en France et se comporte à l’avenant. En effet, CAIR appelle aussi la USCIRF a s’opposer aux restrictions françaises en matière de liberté religieuse qu’il décrit comme des “politiques irrationnelles” et qui, selon lui, comprendrait le fait d’exclure de l’école les élèves portant croix, kippa ou hijab; d’interdire aux fonctionnaires de porter ces mêmes signes religieux ; et de criminaliser les niqabs et burqas tout en rendant le masque obligatoire. 

CAIR appelle même la USCIRF à ajouter la France a sa liste des pays particulièrement préoccupants en ce qui concerne la liberté religieuse. Pour avoir l’honneur douteux de se retrouver sur cette liste publiée chaque année, le pays en question doit avoir commis de sévères violations de la liberté de culte, parmi lesquelles : torture, traitement ou châtiment dégradant, détention prolongée sans chefs d’inculpation, enlèvement ou détention clandestine. CAIR voudrait donc voir la France sur le banc des accusés aux côtés de la Chine, du Burma, de la Corée du Nord, de l’Iran, du Pakistan, ou encore de l’Arabie Saoudite. Pays où la dissidence est souvent réprimée dans le sang et, dans le cas des trois derniers, ou le blasphème est sévèrement puni, parfois par la mort.

Le sort des musulmans français mis sur le même plan que les Ouïghours

Le sens de la mesure n’est pas davantage présent dans la lettre à l’USCRIF envoyée par le directeur de CAIR, Nihad Awad, où il semble prendre des intonations aiguës de tragédienne pour annoncer que la nation américaine ayant condamné la persécution des minorités musulmanes tel les Ouïghours en Chine et les Rohingya au Burma, elle devrait en faire de même pour la politique « anti-musulmane » de la France. 

Le 27 octobre, CAIR allait plus loin encore en déconseillant carrément aux musulmans américains de se rendre en France, évoquant la campagne islamophobe “hypocrite et dangereuse” qui s’en prendrait aux musulmans, mosquées et organisations islamiques. CAIR, n’ayant jamais peur d’en faire trop, brandit les restrictions françaises sur le port de signes religieux comme exemple du danger et des discriminations que subirait n’importe quel musulman Américain assez téméraire pour se rendre dans ce pays hostile.

Ces gémissements sont repris en chœur par les islamistes américains qui se déchirent régulièrement autour de la question LGBT ainsi que sur la Palestine. Ils se retrouvent, pour une fois, unis par leur haine de la laïcité.

Le célèbre imam Yasir Qadhi, adulé par certains en France, se prend pour une pythie et prédit qu’un temps viendra où la France n’existera plus mais l’héritage du prophète et l’amour que les musulmans portent à ce dernier, eux, perdureront alors que président français et sa nation seront relégués aux livres d’histoire. Qadhi a d’ailleurs rejoint Tariq Ramadan, désormais connu surtout pour l’amour qu’il porte aux liaisons extra-conjugales, pour discuter de la liberté d’expression. 

La France abriterait un satanisme pervers

Le salafiste Daniel Haqiqatjou, dont les articles sont régulièrement traduits vers le français par ses partisans francophones, ne décolère pas contre la France, ce qui l’a mené à des prises de positions quelque peu inattendues. En effet, lui qui considère que les chrétiens sont des mécréants et s’en prend violemment aux islamistes qui osent s’afficher à des événements avec eux, défend passionnément les prêtres assassinés lors de la révolution française “au nom de la Raison.”  Selon lui, la soif sanguinaire de la France continue à être inassouvie et le pays accueillerait en son sein un “satanisme pervers” qui se ferait passer pour la raison. 

Le Council for Social Justice de la ICNA, organisation proche du mouvement islamiste sud-asiatique Jamaat-e-Islami, proclame que les mesures de Macron ne se distingueraient aucunement des “délires fascistes de Marine Le Pen.”

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Hussam Ayloush, directeur de la branche californienne de CAIR, et éternel amoureux de Erdogan, semble passer ses journées à partager des articles maudissant Macron. Il annonce être même prêt à un sacrifice impressionnant: il ne mangera plus de fromages français jusqu’à ce que les dirigeants de l’Hexagone cessent de manquer de respect à l’islam. On regretterait presque qu’il se prive de ce plaisir qui aurait pu calmer l’agitation dont il fait preuve sur les réseaux sociaux où il assène un “ta gueule” se voulant magistral, au président Macron dont “l’hypocrisie” le rend malade.

Boycott des produits français

Tout ce petit monde disparate se rejoint sur l’essentiel: le boycott des produits français. Partageant à qui mieux mieux une liste de marques françaises accompagnées de leurs logos respectifs. Les islamistes américains rivalisent d’esprit guerrier en déclarant leur soutien corps et âme à cette révolte contre les produits tricolores, suppôts de la laïcité. On les imagine arpenter les allées du supermarché d’un pas martial, résistant au prix d’un effort surhumain à la tentation d’un paquet de biscuits LU ou d’un Babybel, se bouchant les oreilles pour se protéger des séduisantes sirènes du maquillage l’Oréal ou d’un shampoing Garnier; renonçant, la mort dans l’âme, à la volupté d’ouvrir un compte chez BNP Paribas.

Même si le CCIF est dissous en France comme le souhaitent certains, les problèmes ne s’arrêteront pas là. Partout en Occident, les islamistes crient leur haine à l’égard de la France, coupable à leurs yeux de refuser tout compromis et de hisser fermement l’étendard de la laïcité. Macron a l’intention de durcir les règles régissant les associations cultuelles et leurs entrées d’argent. Ce déferlement d’animosité provenant de toute part, y compris d’islamistes fortunés, confirme qu’il est impératif de se montrer intransigeant sur les financements provenant de l’étranger et atterrissant dans les caisses d’islamistes Français.



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