Bernard-Henri Lévy, atteint de botulisme ? La nouvelle fait le tour d’Internet depuis que le nouvelobs.com a dégoté à la 122e page du nouvel essai du nouveau philosophe (De la guerre en philosophie) une référence à Jean-Baptiste Botul qui, écrit-il, a montré « au lendemain de la seconde guerre mondiale, dans sa série de conférences aux néokantiens du Paraguay, que leur héros était un faux abstrait, un pur esprit de pure apparence ». Et le monde entier de ricaner : « Botul n’existe pas. BHL est tombé le nez en avant dans le canular de Frédéric Pagès. »
Sauf que c’est un peu aller vite en besogne : venus pour la plupart de l’Oulipo et des « Papous dans la tête », Frédéric Pagès et ses amis, qui ont donné vie à Jean-Baptiste Botul, ne sont pas gens à canularder comme des premiers venus : la critique botulienne de Kant est philosophiquement fondée. Botul a beau ne pas exister, ses arguments contre le kantisme n’en perdent pas leur pertinence. Il y a même dans La vie sexuelle d’Emmanuel Kant quelques pages extraordinaires.
Et puis, prétendre que Botul n’a jamais existé est un peu aller vite en besogne. Je me souviens avoir inauguré une rue Jean-Baptiste Botul en compagnie de l’écrivain Jacques Gaillard, à Ungersheim, il y a quelques années. Si ce n’est pas une preuve de son existence ! Ce fut une cérémonie émouvante, qui s’était achevée par un merveilleux lâcher d’enclumes. Elles n’avaient pas voulu prendre leur envol : les voilà maintenant qui retombent.
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