La vraie morale se moque de la morale, disait quelqu’un de bien en 1656, et cette précision n’a rien perdu de son actualité. Le chef du Parti Socialiste reproche à l’UMP de pactiser avec le diable en passant des arrangements tacites avec les candidats FN. « Comment peut-on faire passer sa petite carrière avant les valeurs sacrées de la République ?
Comment peut-on pactiser avec le fascisme quand on se réclame du général de Gaulle ? » s’étonnent les caciques de la rue de Solférino. Et les candidats UMP de jurer la main sur le coeur qu’ils ne sont pas des fascistes pour deux sous. Combien de temps cette comédie va-t-elle durer ? Opposer valeurs et petites carrières repose sur une hypocrisie de fond : les hommes politiques ne vivent pas de la politique, mais pour la politique. La politique n’est pas une profession, mais une vocation – et, qui plus est, désintéressée. En somme, loin de songer à leurs petites carrières, les caciques du PS ne devraient leur longévité qu’à une exceptionnelle coïncidence.
L’ennui avec cette conception grandiloquente de la morale républicaine, c’est qu’elle finit toujours par se retourner contre son défenseur attitré. Le temps viendra bien vite, et cette prédiction ne fait pas de moi un grand prophète, où les socialistes seront pris la main dans le sac. Comme ces affaires seront multiples, profondes et avérées, un homme de droite remontera sur le perron de l’Elysée avant de nous faire coucou d’un geste enthousiaste.
Et nous passerons ainsi d’un Tartuffe à l’autre, sans que jamais l’hypocrisie de fond ne soit levée. La morale a toujours partie liée avec l’hypocrisie, mais ce qui est intéressant dans le cas présent, c’est qu’elle dépend d’une profession qui n’ose pas dire son nom.
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