L’abaya, insiste Jean-Paul Brighelli, n’est qu’un symptôme. La cause, c’est l’éparpillement façon puzzle de ce qui fut jadis une république « une et indivisible ». Eclatée en « communautés », la France n’a plus d’ambition d’assimilation, ce qui fut le cœur de son destin au fil des siècles. Explication.
Je sors de chez moi, à Marseille. Cent mètres plus loin, c’est le bas de la Canebière : foulards islamiques, abayas, djellabas et autres tenues outremarines envahissent l’espace et s’y déplacent comme chez eux. Ici, une femme sur trois est voilée, un homme sur quatre affronte en babouches la crasse de la rue. On entend parler essentiellement ce nouveau créole fait de bouts de français, de quelques mots d’arabe, de langues berbères et africaines. Je devrais m’en fiche. Après tout, je vis dans une ville dont un quartier s’appelle les Catalans, dont la rue Paradis et Beaumont sont peuplés de descendants d’Arméniens, où les Juifs séfarades sont légion, où les ex-Corses pullulent, où Kurdes et Turcs se regardent en chiens de faïence tous les samedis sous l’ombrière du Vieux-Port. Une ville fondée par des Grecs, peuplée de Gaulois, de Romains, de barbares divers, et de toutes les nations de la Méditerranée. Que me chaut ?
Les joueurs de rugby n’ont pas de problème avec la Marseillaise, eux
Le problème, c’est que, des siècles durant, ces étrangers qui bourlinguaient dans tous les dialectes et apprenaient par hasard des bouts de provençal faisaient de leur mieux pour s’intégrer, dès qu’ils
