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Laxisme dégoupillé, capitale Grenoble

Le billet de Dominique Labarrière


Laxisme dégoupillé, capitale Grenoble
Eric Piolle et Bruno Retailleau répondent à la presse à Grenoble, 14 février 2025 © MOURAD ALLILI/SIPA

La France se transforme-t-elle en narco-État ? Hier, Bruno Retailleau a commenté l’attaque à la grenade survenue dans un bar de Grenoble mercredi 12: «Vous savez que la kalachnikov est une des armes privilégiées par les narcoracailles, mais là, on est passé au stade supérieur, puisque c’est une grenade» a déclaré le ministre. Il a écarté la piste terroriste, expliquant que l’affaire s’inscrivait dans un contexte de «trafic et de crime organisé», et précisant que le bar visé faisait l’objet d’une procédure de fermeture pour des soupçons de trafics. L’enquête et la traque de l’auteur de l’attaque, toujours en fuite, sont menées par une juridiction spécialisée qui mobilise 20 enquêteurs. Pendant ce temps, le Vert Eric Piolle donne l’impression que sa seule préoccupation est d’apprendre à transformer les grenades en compost bio…


À Grenoble, on attend désormais l’attaque de bar au missile sol-sol. Après le recours à la grenade, on ne pourra faire moins. « Technique de guerre » souligne à juste titre Bruno Retailleau, le ministre de l’Intérieur lors de sa visite sur place ce vendredi. Du jamais vu, en effet. Ou en tout cas très rarement. Du moins dans nos contrées jusqu’alors relativement civilisées.

« Je m’en fous »

Deux choses étonnent, et même sidèrent. Tout d’abord, redisons-le, les moyens employés qui ressortissent, effectivement, à ceux qu’on emploie en temps de guerre ou de guérilla ouverte. Mais peut-être en sommes-nous là. Dans ce cas, il serait opportun et urgent de nous en informer, de nous associer aux décisions que cela ne manquerait pas d’impliquer… Puis, stupéfie également le fait en lui-même glaçant que, finalement, nous ne sommes pas autrement surpris. Je n’irai pas jusqu’à dire que nous y étions préparés, mais il y a de cela, comme si nous avions fini par comprendre – sinon accepter – que nous nous trouvons embarqués dans une escalade de violence, de sauvagerie aveugle que plus personne ne semble être en mesure d’endiguer.

Cette réalité-là, épouvantable, le maire de Grenoble la nie tout tranquillement. Pour lui, il n’y pas de « hausse de l’insécurité », déclare-t-il lors d’un entretien accordé à Libération, dégoupillant alors benoitement son laxisme, quelques heures seulement avant le moment où la grenade allait l’être.

Ce n’est pas tout : « Je m’en fous » ose-t-il lâcher face à ceux qui se permettent de contester, de condamner cet impardonnable aveuglement. Bref, nous avons-là en majesté l’abject mépris dont nous saoulent les doctrinaires en chambre de son espèce. Nos peurs, nos angoisses, nos inquiétudes ne sont pas les leurs.

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Chez M. Piolle le laxisme n’est pas l’effet d’une banale paresse mentale ou physique. C’est bien pire. Il s’agit d’un mode de fonctionnement intellectuel parfaitement assumé. L’abjection que lui inspirent les caméras de surveillance me semble aussi révélatrice que le sont, selon nos si estimés psychiatres, nos actes manqués ou nos lapsus révélateurs. Cette prévention contre ces caméras est l’expression en acte de son refus de « voir ». La manifestation bien concrète de son rejet – conscient ou inconscient – du réel. Cette dérobade relève d’une immaturité mentale qu’on pardonne volontiers à l’enfant qui se met les mains devant les yeux pour ne pas voir le croque-mitaine en carton, mais qu’on ne peut que condamner chez l’adulte investi de responsabilités publiques.

Grenoble, métropole apaisée

Même constat crypto psychanalytique lorsque, là encore, tout tranquillement, le maire de Grenoble ose affirmer qu’il serait opportun et urgent d’apprendre à vivre avec les dealers, les intégrer dans le quotidien des quartiers, des immeubles. Il est vrai, M. Piolle, on le sait, est un très ardent apôtre du vivre ensemble.

Malheureusement pour lui, à, entendre ce que les Grenoblois – nombreux- sont venus dire à M. le ministre de l’Intérieur, il est plus qu’évident qu’ils ne sont pas sur la même longueur d’ondes. Absolument pas ! Ce qu’ils ont exprimé, excédés mais dignes, est le cauchemar de l’insécurité qui plombe leur existence chaque jour, chaque nuit. Ils sont venus dire que, au vivre ensemble façon Piolle, ils préféreraient de beaucoup le vivre en paix. Ce bien commun, précieux entre tous que, en théorie du moins, les représentants du peuple – tous, à tous les niveaux – doivent – chacun à son poste et avec ses moyens – s’efforcer de leur apporter.

M. le ministre Retailleau n’est évidemment pas porteur du remède miracle. Mais il donne toutes les apparences d’être habité de la volonté de travailler dans ce sens. C’est déjà cela. Et puis, comme j’en étais au décryptage dans le genre psychologie de fin de banquet, alors qu’il s’avançait dans les rues de la ville, parka quasi militaire bien fermée jusqu’en haut, je me suis surpris à me dire que sa tenue me faisait davantage penser à celle, guerrière, d’un Zélensky qu’à ces costumes si joliment cintrés en vogue chez nos petits marquis de ministères… Un signe encourageant, peut-être ? On se raccroche à ce qu’on peut.

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Ex-prof de philo, auteur, conférencier, chroniqueur. Dernière parution : « Les carnets d’Hitler - L’arnaque négationniste » éditions Scriptus.

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