Identité, Europe, immigration, ancrage à droite: avant même son élection prévisible, Laurent Wauquiez, le candidat à la présidence des Républicains revendique sa rupture avec l’héritage de la droite gestionnaire. Entretien exclusif (1/2).
Causeur. Il y a un an, François Fillon gagnait haut la main la primaire de la droite. Tout le monde pensait, nous compris, qu’il allait être président de la République. Son échec est-il seulement imputable aux affaires ou a-t-il des causes plus profondes ?
Laurent Wauquiez. François Fillon a perdu à cause de l’instrumentalisation des affaires. Je lui suis très reconnaissant de ne pas avoir cherché à jeter son programme en pâture pour acheter la clémence de la meute. En cela, il a fait preuve de courage, car toute une partie de la droite essaie d’expliquer qu’on aurait perdu les deux dernières présidentielles, 2012 comme 2017, parce qu’on aurait trop défendu nos valeurs. Je crois exactement l’inverse : le problème de la droite française, ce n’est pas de trop en dire, c’est de ne pas assez en faire. Quand la droite se trahit, elle se recroqueville, quand elle s’assume, elle rayonne.
La formule est belle, mais vous ne nous ferez pas croire que la déconnexion entre LR et les Français s’explique par une histoire de costumes.
J’ai la conviction que les valeurs auxquelles les Français sont les plus attachés supposent un programme résolument et sereinement à droite. Le doute qui s’est instillé dans notre rapport avec les Français ne porte pas sur nos valeurs, mais sur notre capacité à tenir nos engagements. Au printemps, la France s’est retrouvée dans ce paradoxe hallucinant : elle se réveille avec un président de la République libéral-libertaire, l’exact inverse de ce que le pays attendait ! Aboutissement logique de cette supercherie, Macron est tombé à une vitesse ahurissante dans les sondages.
Des individus comme Thierry Solère resteront comme la parfaite incarnation de Iago
Le Premier ministre de ce libéral-libertaire vient d’interdire l’écriture inclusive et il joue plutôt la verticalité que l’horizontalité soixante-huitarde.
Je me félicite que le « point médian », la forme la plus caricaturale d’écriture inclusive, soit rejetée, mais méfions-nous du « en même temps ». Les sites des ministères sont truffés d’écriture inclusive, y compris celui de l’Éducation nationale. Le ministère du Travail promeut l’utilisation de l’écriture inclusive en entreprise, Emmanuel Macron et son gouvernement n’ont que le ridicule « celles et ceux » à la bouche. C’est avoir une piètre image des femmes que de penser les défendre par cette novlangue indigeste. Quant à Mai 68, Emmanuel Macron est le premier président à vouloir le commémorer, ce n’est pas anodin. Je préfère que la France célèbre Austerlitz, Valmy ou
