Sur France 5, au sein de la gauche culturelle, le mouvement woke et les idées racialistes font des ravages. Confrontée à un passage du nouveau livre de Franz-Olivier Giesbert, la journaliste Laure Adler a dénoncé des propos tendancieux, avant de l’accabler: « Vous êtes blanc quoi… et fier de l’être! »
Ainsi nous sommes dans un pays, la France, où il faut dorénavant se justifier quand on souhaite y voir parler la langue française.
Franz-Olivier Giesbert (FOG) a écrit une Histoire intime de la Ve République dont le tome 1 – Le Sursaut – est à la fois original et remarquable. J’invite tous ceux qui sont passionnés par le gaullisme et Charles de Gaulle à le lire parce qu’ils sortiront de l’encens et de l’hagiographie ou d’une détestation tellement obtuse qu’elle n’aurait rien de crédible. Pour moi qui ai pratiquement tout lu en langue française sur Charles de Gaulle, sa destinée exceptionnelle, les moments forts de sa vie, son caractère, ses propos privés comme ses discours publics, j’y ai découvert un personnage extrait de l’image d’Epinal, d’un absolu cynisme, d’une rouerie politique sans pareille, qu’on peut qualifier « d’assoiffé de sang » et angoissé bien avant l’heure par l’identité de la France dont il était sûr qu’elle serait balayée par l’arrivée d’une multitude d’Algériens et la démographie qui était de leur côté. Avec, par ailleurs, une vision internationale éblouissante d’anticipation et de lucidité.
Gaulois réfractaires et veaux
Je recommande aux citoyens qui se sont émus des saillies d’Emmanuel Macron dénigrant les Français d’user avec modération des véritables philippiques du général contre le tempérament de ceux-ci, leur veulerie, des « veaux » incapables de comprendre ce qu’exigeaient la France et sa grandeur, perdus si de Gaulle n’avait pas été là. Des événements que je croyais connaître, notamment la prise du pouvoir en 1958, la guerre d’Algérie, les rapports du général avec Raoul Salan, l’OAS, la tactique toute de dissimulation et d’implacable volonté, son hostilité à l’encontre des pieds-noirs et des harkis, son indifférence absolue à l’égard du juridisme – tout est revisité en apportant une lumière à la fois crue et informée sur l’Histoire, sur notre Histoire.
Mais qu’importe la qualité de cet ouvrage puisque FOG a paraît-il commis un crime en y écrivant ceci : « …J’habite Marseille, capitale française du cosmopolitisme, ville monde où je suis heureux et où je me sens chez moi mais souvent quand je me rends à pied à la gare Saint-Charles en passant par la Canebière, j’ai le cœur serré parce que pendant le trajet je n’ai entendu personne ou presque parler français. Que va-t-il arriver à notre langue ? »
A lire aussi, Jean Messiha: Marseille, grande ville maghrébine?
Ces évidences dont FOG a soutenu qu’il avait le droit de les écrire et de les confirmer médiatiquement (France 5, C ce soir, 9 novembre) ont suscité l’ire de la sourcilleuse Laure Adler : « Ben c’est bizarre de dire ça…je trouve ça tendancieux, vous êtes Blanc quoi et fier de l’être (et avec ironie)… Il n’y a pas assez de Blancs autour de vous ! »
Snobisme de gauche
Le snobisme culturel fait des ravages quand il met du racialisme partout. Mais il faudrait évidemment considérer avec révérence ces inepties proférées à la fois avec mauvaise foi et légèreté par un « phare » culturel ! FOG s’est-il un seul instant plaint de n’être pas entouré que de Blancs, a-t-il même une seconde mis l’esprit et sa liberté d’expression dans un quelconque racisme, dans une discrimination choquante ? Au contraire il s’est contenté de défendre avec justesse sa langue, notre langue et son combat est de culture et de civilisation. Aurait-il convenu que, pour complaire à l’implacable Laure Adler apparemment heureuse de voir l’usage du français disparaître, il écrivît qu’il était aux anges parce que dans une ville française emblématique on ne parlait plus le français ou « presque plus » ?
Il me semble que dans cette controverse FOG a raison, est libre d’écrire ce qu’il veut et qu’il a constaté, est libre de le déplorer ; et que Laure Adler est affligeante. Mais il ne faut pas seulement se moquer d’elle. Dans son aberrante contradiction, il y a plus que de « la précieuse ridicule » mais de la citoyenne aveuglée créant par son délire de moins en moins partagé même par les progressistes indécrottables, l’augmentation des maux dont elle prétend nous protéger. Être si sotte pour ne pas protéger la langue française au nom d’un universalisme dévoyé prépare de beaux jours pour Éric Zemmour !
Qu’on mesure bien l’enjeu de cette polémique entre la vérité et la liberté d’un côté, et de l’autre l’obligation d’avoir honte d’être blanc, on ne pourra que faire l’autruche (c’est la politique d’Emmanuel Macron) ou se révolter. Cette seconde branche de l’alternative, qui pourra nous l’offrir dignement ?
Histoire intime de la Vᵉ République: Le sursaut (1)
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