La ministre sud-africaine des Affaires étrangères, Grace Naledi Pandor, est au cœur d’une petite tempête après avoir révélé dans un communiqué qu’elle avait eu une conversation téléphonique avec le chef du Hamas. L’objectif de cet appel, effectué à la demande d’Ismail Haniyeh, était d’évoquer l’acheminement de l’aide humanitaire en Palestine.
Le conflit israélo-palestinien s’est invité une nouvelle fois dans la politique sud-africaine. Un dossier pour lequel la nation arc-en-ciel est fortement impliquée et qui reste un enjeu majeur pour l’Afrique du Sud. Pour le meilleur et pour le pire. Depuis quelques jours, la ministre sud-africaine des Affaires étrangères, Grace Naledi Pandor, est au cœur d’une tempête après avoir révélé dans un communiqué qu’elle avait eu une conversation téléphonique avec le chef du Hamas le 17 octobre. L’objectif de cet appel, effectué à la demande d’Ismail Haniyeh, était d’évoquer l’acheminement de l’aide humanitaire en Palestine.
Chemin dangereux
Bien que le gouvernement sud-africain ne cache pas sa proximité avec le peuple palestinien, le Conseil des députés juifs sud-africains et la communauté juive sud-africaine se sont dit horrifiés par cette discussion ouverte avec le Hamas, surtout dans les circonstances actuelles. Karen Milner, présidente de cet organisme politique, a expliqué que cela constituait une preuve du soutien public de la ministre au Hamas. Selon elle, le fait que la ministre des Affaires étrangères ait désigné le Hamas comme un partenaire crédible, au moment même où tous les autres pays du monde libre condamnaient les attaques du Hamas contre Israël, montre clairement que Grace Naledi Pando a pris parti et entraîné l’Afrique du Sud sur un chemin très dangereux. Face à la polémique, le Département des relations internationales et de la coopération (DIRCO) a répondu que contrairement à de fausses informations, la ministre n’avait en revanche pas exprimé le moindre soutien au mouvement armé palestinien.
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Si, le président sud-africain, Cyril Ramaphosa, a présenté ses condoléances au peuple israélien, il a également exprimé sa solidarité avec les Palestiniens, affirmant que ces derniers menaient « une lutte juste ». Une position qui n’est pas surprenante, car l’African National Congres (ANC) a toujours établi des parallèles entre la lutte menée par son mouvement contre le régime de ségrégation raciale et la situation au Moyen-Orient, désignant Israël comme un « État d’apartheid » qui a collaboré avec le régime afrikaner. Interrogé à ce sujet, Bob Wekesa a expliqué que si le gouvernement traite habituellement avec l’Autorité palestinienne du président Mahmoud Abbas, il est évident qu’il a également pris position en faveur du Hamas. Ce maître de conférences à l’Université de Witswatersrand, a souligné qu’il était étrange sur le plan diplomatique que le ministère ait répondu à un appel du Hamas, étant donné que cette organisation n’est pas reconnue mais plutôt étiquetée comme un groupe terroriste.
Jouez plutôt au rugby!
L’Afrique du Sud compte une population musulmane et une population juive importantes. Depuis le début des affrontements entre Palestiniens et Israéliens, des manifestations pro-palestiniennes ont eu lieu dans tout le pays. L’ANC a également organisé vendredi 20 octobre, une marche de solidarité avec la Palestine devant l’ambassade israélienne à Pretoria, après le bombardement d’un hôpital de Gaza qui a fait de nombreuses victimes.
Si le pays de Nelson Mandela a proposé de jouer un rôle de médiateur dans le conflit en cours (cette proposition n’a cependant pas été retenue par la communauté internationale), et bien qu’elle vienne de remporter la Coupe du monde de Rugby, il est peu probable que cette victoire des Springboks arrive à fédérer les Sud-Africains autour d’un soutien à Israël et faire de l’Afrique du Sud un partenaire crédible sur la scène internationale.