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« Sur la laïcité, les élites macroniennes ont un double langage »

Marcel Gauchet invité de l'Esprit de l'escalier


« Sur la laïcité, les élites macroniennes ont un double langage »
Marcel Gauchet, philosophe et historien Photo: BALTEL/SIPA Numéro de reportage: 00884429_000039

Marcel Gauchet l’affirme sur REACnROLL.


Sur REACnROLL, le philosophe et historien Marcel Gauchet et la journaliste Elisabeth Lévy s’entretiennent pendant 45 minutes de débat sur l’actualité. Ils sont revenus sur le traitement de l’affaire Mila par le gouvernement. Causeur vous propose d’en lire un extrait, au cours duquel les deux penseurs s’inquiètent des pulsions de toute une jeunesse qui a éructé contre la jeune Mila après les propos qu’elle a tenu sur l’islam. Analysant les réactions gouvernementales à cette affaire, Marcel Gauchet en arrive à la conclusion que la macronie ne joue pas franc-jeu sur ces questions.

Verbatim 

Elisabeth Lévy. Suite à ses propos sur Europe 1, dans le gouvernement nous avons eu Christophe Castaner qui a recadré Nicole Belloubet le jour même. De la même façon, Jean-Michel Blanquer a été sur une ligne très « gauchétienne » – si je puis dire- c’est-à-dire sans ambiguïté. Mais vous avez l’air de penser que dans le fond, la ligne de Belloubet est celle qu’il y a dans la tête de tout le monde?

Marcel Gauchet. C’est la ligne implicite, oui. Encore une fois, parce que c’est la ligne dominante à l’échelle internationale. Et l’un des effets de la mondialisation c’est l’alignement des élites sur cette espèce de pente internationale. Il ne faut surtout pas être franco-français. C’est considéré comme l’horreur absolue ! Donc, je dirais qu’il y a un double langage. En externe, il va de soi qu’on prend ses distances avec ces « ploucs » un peu arriérés qui n’ont pas encore compris les beautés de la modernité. Mais en interne on sait que les ploucs sont ce qu’ils sont et que ce sont ceux qui votent après tout, alors il faut bien faire avec. Cependant, je pense que le rapport de force n’est pas joué.

Elisabeth Lévy.  Si on se réfère à ce qui s’est passé  il y a 5 ans, le 11 janvier 2015, on était Charlie, on avait notre stylo en main… Notre droit de déconner devait être absolument défendu, bec et ongles. Pardonnez-moi l’expression, mais ne s’est-on pas raconté « des conneries » ? Et si l’on avait tout simplement régressé depuis ? Est-ce que la France ne serait pas sur la voie de la soumission ?

Marcel Gauchet. L’affaire Mila montre que la France est très partagée. Il ne faut effectivement pas rêver sur le consensus qui a pu régner le 11 janvier 2015. Une manifestation fut-elle immense et massive, montre la profondeur de l’enracinement de notre tradition politique certes, mais elle ne reste qu’une manifestation représentative d’une partie de la population. Celle qui était la plus mobilisée, la plus visible… mais il faut rappeler qu’il y en a aussi beaucoup qui sont restés chez eux, conservant des sentiments beaucoup plus mélangés. Sans être formellement hostile à cet « esprit » du 11 janvier que vous évoquez, il n’avait pas pour lui l’unanimité !

Elisabeth Lévy face à Marcel Gauchet sur REACnROLL. Image: capture d'écran RNR.TV
Elisabeth Lévy face à Marcel Gauchet sur REACnROLL. Image: capture d’écran RNR.TV

Elisabeth Lévy. Tout de même. Les attentats de 2015 ont ouvert les yeux de gens qui étaient dans le déni. (poursuivant sur un mode accusatoire) Dans les médias notamment, il y avait jusqu’alors un véritable déni.

Marcel Gauchet. Ne continue-t-il pas ?

Elisabeth Lévy. C’est vrai que Le Monde a mis dix jours pour évoquer l’affaire Mila. J’ai ici le dernier numéro du Point « Ces élus qui ont vendu leur âme ». Avec Jean-Christophe Lagarde, après l’islamo-gauchisme, nous allonrs devoir parler d’islamo-centrisme ! Il y a aussi le maire écologiste de Grenoble, Eric Piolle. (…) Mais désormais, avec ces centaines de unes dans la presse (Le Figaro Magazine, Le Point, Causeur etc.), les témoignages de l’avancée de cet islam radical sont tout de même abondants. Les preuves sont abondantes. Et qu’est-ce qu’on fait ?

Marcel Gauchet. Il ne suffit pas de constater. Le problème n’est tout simplement pas « pensé ». Il faut mesurer…

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