Georgios Anastassopoulos aurait pu faire une carrière assez honorable dans Les aventures de Tintin, s’il n’avait déjà trouvé un boulot en politique. Député de Nea Dimokratia (conservateurs grecs) au Parlement européen, il rédigea en 1998 un rapport préconisant de créer des circonscriptions électorales dans les pays de plus de vingt millions d’habitants. Résultat : en 2003, le Premier ministre de l’époque, Jean-Pierre Raffarin, créa huit circonscriptions pour élire les députés européens. À dire vrai, il ne s’agissait pas en France de suivre à la lettre les recommandations du Parlement de Strasbourg, mais bien de lutter contre la dispersion des voix générée par la multiplication des « petites listes ». Rendez-vous compte : en 1999, vingt listes, dont certaines assez bizarroïdes, se présentaient aux européennes ! Grâce à l’initiative de Jean-Pierre Raffarin – la vista, tu l’as ou tu l’as pas –, ce ne sont pas moins de 161 listes qui sont en lice en 2009. Si l’on s’avisait de rapporter ce chiffre à la situation de 1999, quand existait la circonscription unique, on s’apercevrait que Jean-Pierre Raffarin a réussi son coup : en moyenne, un Français aura en 2009 le choix entre vingt listes différentes, alors que vingt se présentaient à son suffrage dix ans auparavant. Si Jean-Pierre Raffarin n’existait pas, eh bien on se demande parfois si. Enfin, non, on ne se demande rien.
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