La Tunisie est devenue le principal point de passage des migrants subsahariens vers l’Europe. Mais à la différence du Maroc et de l’Algérie, elle n’instrumentalise pas ce chaos à des fins politiques. Ce pays dépassé par la crise est pourtant négligé par l’UE.
Peut-on continuer à faire confiance à la Tunisie pour garder la frontière sud de l’Europe ? En juillet dernier, le gouvernement tunisien ratifiait à Bruxelles un accord visant à contenir les flux de migrants clandestins vers l’Europe en contrepartie d’une promesse de soutien financier avoisinant le milliard d’euros. Moins de deux mois plus tard, Tunis a largement fait les preuves de son incapacité à honorer sa mission et l’Europe se retrouve à nouveau prise au piège de sa politique de voisinage.
Afflux massifs à Lampedusa
Au cours du mois d’août, trois bateaux partis des côtes tunisiennes se sont échoués au large de Lampedusa, causant la mort de 41 personnes, dont trois enfants. Mi-septembre, 12 000 migrants clandestins originaires d’Afrique subsaharienne accostaient en quelques jours sur l’île italienne après avoir emprunté la même route maritime, provoquant en Europe un effet de sidération et une cacophonie de réactions. Dans le même temps, une délégation de la commission des affaires étrangères du Parlement européen, qui avait critiqué les méthodes du gouvernement tunisien pour lutter contre l’immigration clandestine subsaharienne, se voyait interdire l’accès
