Plus de 75 ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale, d’anciens nazis réfugiés sur le continent américain continuent d’être extradés vers l’Allemagne. C’est le cas de Friedrich Karl Berger.
Le 20 février, un vieillard de 95 ans, Friedrich Karl B., qui vivait dans le Tennessee depuis 1959, a été expulsé vers l’Allemagne par un tribunal américain. Le motif ? Sa participation, qu’il avait cachée, à la Shoah. En 1945, le marin de 19 ans est envoyé par les SS pour garder deux des nombreux camps du nord du pays, dont les prisonniers juifs, danois, polonais ou russes, détenus dans des conditions inhumaines et travaillant souvent jusqu’à la mort par épuisement, sont contraints de construire des fortifications.
À la fin de la guerre, ces camps sont évacués par des marches forcées qui ajoutent encore au bilan des morts. Aujourd’hui de retour en Allemagne, Friedrich Karl B. avoue avoir été garde de camp, mais nie avoir assisté à la maltraitance des prisonniers ou participé aux marches forcées. L’accusé refusant le 31 mars de se prêter à d’autres interrogatoires, les procureurs allemands sont obligés d’abandonner les poursuites, faute de preuves matérielles. Selon le média Deutsche Welle, depuis quarante ans, les États-Unis ont expulsé vers l’Allemagne 70 anciens nazis, dont la majorité n’a pu être condamnée.
Ces accusés terminent leur vie dans un Ehpad aux frais du contribuable. Selon une loi américaine de 1978, toute personne ayant participé aux persécutions nazies peut être extradée vers le pays où il a commis ses crimes. En revanche, pour condamner un tel accusé, le droit allemand a besoin de témoins et de preuves qui, après toutes ces années, font trop souvent défaut.
Aucune loi spécifique sur la participation à l’Holocauste n’a jamais été promulguée. Tout n’est pourtant pas perdu. L’année dernière, un ancien garde du camp de Stutthof, âgé de 93 ans, a été déclaré coupable de 5 230 chefs d’accusation de complicité de meurtre. Cette année, une ancienne secrétaire du même camp, 95 ans, a été mise en accusation ainsi qu’un homme de plus de 100 ans, inculpé de 3 518 chefs d’accusation. Pour rappeler au monde qu’il n’y a pas de prescription pour de tels crimes, il n’est jamais trop tard.