Chinon se dresse au cœur de l’Indre-et-Loire, parmi les vignobles et les pâturages qui bordent la Vienne. Riche d’un patrimoine historique remarquablement restauré, la cité médiévale n’est pas seulement une ville-musée. Ses vignerons et son centre-ville ressuscité entretiennent un art de vivre qui séduisait déjà un certain Rabelais.
La tentation de l’exode ? Plus de 125 000 Parisiens y auraient déjà cédé en dix ans (selon l’Insee), entraînant dans leur fuite la fermeture de nombreuses classes d’écoles… Certes, depuis Attila (en 451) et les Vikings (en 845), Paris en a vu d’autres. Mais tout de même, voir ses proches s’en aller vivre à Bordeaux, comme aux débuts de l’Occupation (« depuis 1870, quand la France est en guerre, on va se réfugier à Bordeaux », écrivait Philippe Sollers), passez-moi l’expression : « Ça me la coupe ! » Aussi, si d’aventure et par malheur, nous devions à notre tour quitter la capitale, ce ne serait certainement pas pour la ville de Montaigne, mais pour celle de Rabelais : située à deux heures trente de la gare Montparnasse, Chinon est un joyau méconnu, autant que sa beauté, son calme et sa qualité devie. Une cité à taille humaine – 8 500 habitants – dépourvue d’embouteillages et de brûleurs de voiture. Surtout, alors que 60 % des communes françaises n’ont plus de commerces de proximité, elle fascine par sa vie intra-muros et constitue de ce point de vue un véritable exemple à suivre.
Chinon, tous les amoureux du vin la connaissent depuis longtemps et s’y rendent en pèlerinage en septembre, quand la lumière y est la plus belle – le peintre surréaliste Max Ernst et le compositeur Henri Dutilleux, tombés amoureux de ces rayons de soleil, avaient choisi d’y vivre.
Chinon, la charmante autosuffisance
Immortalisé par Rabelais (né en 1494 à La Devinière, métairie voisine de l’abbaye de Seuilly), le vignoble crayeux de Chinon séduit aujourd’hui par la fraîcheur et la finesse poivrée de ses vins rouges à base de cabernet franc. « Pour que le vin soit bon, il faut que les vignes voient la rivière », dit-on. C’est le cas ici, Chinon étant établie sur la rive droite de la Vienne, avant que celle-ci rejoigne la Loire.
