Le 150e anniversaire du rattachement de la Savoie à la France n’a pas donné lieu à un emballement médiatique exagéré. Ce serait même plutôt le contraire. Les célébrations officielles ont été dispersées dans le temps et dans l’espace : entre la signature du traité de cession, en mars 1860, et l’entrée effective de la province dans la France impériale, en juin, en passant par le plébiscite populaire en avril, il était bien difficile de déterminer une date symbolique où le pays entier serait invité à se souvenir du retour des ramoneurs au sein de la mère-patrie.
« Fais pas l’malin ! »
Nicolas Sarkozy, dans ces circonstances a assuré le service minimum : déjeuner à Chambéry, discours modèle Guaino sur le rapport dialectique entre la Grande Nation et les petites patries et bref bain de foule avant de reprendre l’avion présidentiel vers la capitale. Comme Carla n’était pas là (pourtant, elle eût été parfaitement à sa place pour incarner la complicité historique entre la France et le Piémont), il n’aura été retenu de cette équipée que l’apostrophe « Fais pas l’malin ! » lancée par le président à un jeune homme qui avait fait mine de s’essuyer la main après avoir serré celle du président.
[access capability= »lire_inedits »]Les commentateurs habituels se mirent alors à gloser sur l’évolution du vocabulaire présidentiel depuis le fameux « Casse-toi, pauv’con ! » du Salon de l’agriculture. Je ne suis pas certain que mes compatriotes savoyards soient tristes ou même déçus de ce peu d’intérêt manifesté à leur égard par les Ch’tis, les Bretons où les Parigots à l’occasion de la célébration de cet événement historique.
Un coup de projecteur un peu trop vif dirigé vers les montagnes et les vallées des deux Savoies aurait montré qu’en dépit de la crise économique, on n’est pas trop mal loti dans le coin. Entre l’or blanc des stations haut de gamme qui attirent l’oligarque russe aux poches percées et la résilience des PME de la micromécanique qui survivent tant bien que mal dans un environnement industriel déprimé, les Savoyards font comme ils ont toujours fait : s’adapter aux saisons, aux bonnes comme aux mauvaises. Alors, à quoi servirait-il de se mettre en avant, sinon à provoquer l’envie et la jalousie dans des provinces moins bien pourvues…
Les notables savoyards ont reçu du président de la République l’assurance de son soutien à la candidature d’Annecy pour les Jeux olympiques d’hiver de 2018. Voilà une promesse qu’il ne sera pas trop difficile d’honorer, en ces temps où Nicolas Sarkozy se voit renvoyer dans les gencives des slogans de campagne tombés aux oubliettes, comme le « Travailler plus pour gagner plus ! ».
Ce soutien est d’autant moins contraignant que tous les observateurs avertis de la chose olympique sont persuadés qu’Annecy n’a pas la moindre chance de l’emporter face à une station de ski coréenne au nom imprononçable, mais située sur un continent qui monte, qui monte…
Bon, si ça se fait pas, ça se fait pas et on n’en fera pas une maladie. Y en a des qui sont plus malheureux que nous, comme les Belges, qui peuvent pas se sentir entre eux, et les Grecs qu’ont plus de sous. Rendez-vous en 2060.[/access]
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