Virginie Chaillou-Atrous, historienne de France métropolitaine, a été élue maître de conférences en « Histoire de l’esclavage, de l’engagisme et de l’économie des colonies » par l’université de la Réunion en 2016. C’était sans compter sur les militants racialistes locaux qui ont empêché sa nomination…
Faut-il être innocent dans sa chair(e) pour en occuper une ? En juin 2016, Virginie Chaillou-Atrous était élue maître de conférences en « Histoire de l’esclavage, de l’engagisme et de l’économie des colonies » par l’université de la Réunion. L’élection de l’enseignante-chercheuse, issue de la faculté de Nantes, a provoqué la colère d’associations et de médias locaux. « Ce n’est pas de n’importe quelle ville, mais de Nantes, port négrier, que l’on veut réécrire l’histoire de l’esclavage, à La Réunion ! » écrivait un journaliste insulaire. Un metteur en scène dénonçait « un outrage, un crachat à la figure » visant à « priver un peuple du droit d’écrire sa propre histoire ». Sur les réseaux sociaux, on parle très tranquillement de « zorey » (« métropolitain »), c’est-à-dire de « Blanche. » Saisi, le tribunal administratif avait finalement relevé quelques irrégularités (pourtant très courantes) dans la procédure de recrutement pour l’annuler. La justice pratique-t-elle une forme endimanchée de la vengeance mémorielle ? Elle aurait peine à trouver dans les statuts de l’Université française – métropolitaine ou ultramarine – une quelconque notion de préférence régionale justifiant sa décision.
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L’universitaire se défend de tout lien avec la traite négrière…
À défaut de son poste, l’universitaire a voulu défendre son honneur et a porté plainte au pénal pour les diffamations, injures et provocations à la discrimination qui ont marqué la campagne menée contre elle. Elle se défend de tout lien – y compris familiaux – avec la traite négrière. « On l’a appelée “la Nantaise” alors qu’elle est Vendéenne », précisait son avocate. Qu’elle vienne d’une région martyre n’a pas éveillé de compassion ou de solidarité sur l’île. Le 3 septembre, le tribunal a prononcé une relaxe générale à l’endroit de ceux qui l’avaient insultée.
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