Le billet du vaurien
Wittgenstein, c’est à la fois Héraclite, pour l’Obscurité, et Rimbaud, pour le Mythe.
Pendant la Première Guerre mondiale, Wittgenstein lisait les Essays d’Emerson qui faisaient écho à ses préoccupations morales. Notamment ce passage : « Après une victoire politique, une augmentation de revenus, la guérison d’une maladie, le retour d’un ami absent ou tout autre événement heureux, on pense que des temps favorables s’annoncent à nous. Il ne faut pas le croire. Rien ne peut nous apporter la paix, sinon nous-même. Rien d’autre ne peut nous apporter la paix que le triomphe des principes. »
Ce que Wittgenstein appréciait chez Emerson, et qui fait défaut aux écrivains français, c’est « une référence constante à la vérité morale. »
Loin des atours de la religion
À l’instar de Goethe, Wittgenstein était en quête d’une conception élevée du monde, mais dépouillée des atours de la religion. Mc Guiness qui a traduit en anglais le « Tractatus » suggère une filiation entre Emerson et Wittgenstein : « À lire Emerson, on pense irrésistiblement, au fil des pages, au « Tractatus » et aux « Carnets de la guerre. »
Bertrand Russell chercha à dissuader Wittgenstein de vivre seul en Norvège pendant deux ans. « Je lui ai dit, raconte Russell, qu’il ferait sombre et il m’a dit qu’il détestait la lumière. Je lui ai dit qu’il serait seul et il m’a dit qu’il prostituait son esprit en parlant avec des gens intelligents. Je lui ai dit qu’il était fou et il m’a répondu : Dieu me garde de la santé mentale. »
Tout Wittgenstein est là.