Alors que le «Russiagate» a fait pschitt, les démocrates utilisent désormais une conversation de Trump avec le Président ukrainien pour lui nuire
Ce n’est pas nouveau. Depuis son élection et même avant son investiture, une partie de la presse américaine et des élus Démocrates songeaient déjà à destituer Donald Trump. Le « Russiagate » et l’enquête du procureur Mueller ayant fait pschitt, comme aurait dit Chirac, il fallait bien trouver autre chose. L’appel téléphonique au président ukrainien aura fait l’affaire, malgré la transparence affichée par Trump – totalement inédite de la part d’un président américain – qui en a rendu le texte public.
La procédure initiée pose cependant de graves problèmes dans un régime démocratique.
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D’abord, l’absence d’un vote formel de la Chambre des représentants. Cette procédure a été déclenchée par une simple déclaration à la presse de Nancy Pelosi. On ne sait donc pas quelle serait l’issue d’un vote. Certains Démocrates élus en 2018 dans des circonscriptions qui ont voté pour Donald Trump en 2016 pourraient hésiter à s’aliéner une partie de leur électorat. A cet égard, à plusieurs reprises, la Chambre des représentants a rejeté des propositions de résolutions déposées par des Démocrates demandant d’entamer une procédure de destitution. Pourquoi refuser un vote formel cette fois pour un acte aussi grave que la destitution d’un président ?
Les démocrates pensent nuire à la campagne de réélection de Trump…
Ensuite, au sein des commissions concernées, les démocrates ont choisi une procédure secrète, théoriquement à huis clos, mais en distillent les éléments qui leur conviennent à la presse, ce qui ne constitue certainement pas un procès équitable pour le président. Ses avocats devraient, par exemple, avoir la possibilité d’interroger les témoins comme ce fut le cas lors de la procédure de destitution à l’encontre de Bill Clinton.
Enfin, l’élection présidentielle aura lieu dans un an. Entamer une procédure de destitution aussi tardivement au cours du mandat présidentiel montre clairement la volonté des Démocrates de priver le peuple américain du droit de choisir librement, en jugeant le président à sa place. D’autres éléments comme l’animosité, pour ne pas dire la haine, de certains hauts fonctionnaires que le président n’a cessé de vouloir contourner, ne peuvent que renforcer le sentiment d’une cassure entre une partie du peuple – les « deplorables » d’Hillary Clinton – et le « Deep State », les élites politiques, administratives et médiatiques.
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Ajoutons que le prétexte ukrainien semble bien mince. Les considérations personnelles et partisanes ont toujours influencé la politique américaine. Les grâces présidentielles sont souvent accordées pour des raisons politiques. Bill Clinton n’a pas été le moins critiqué à cet égard. La politique d’Obama à la fin de son mandat vis-à-vis d’Israël s’explique par son animosité à l’égard de Benjamin Netanyahu. A l’exception de Mitt Romney (qui, battu par Trump, a quelques raisons de lui en vouloir), aucun sénateur ne soutient à ce stade l’impeachment, ce qui montre bien son caractère partisan. C’était d’ailleurs aussi le cas pour Bill Clinton et, à l’époque, le sénateur Biden n’hésitait pas à évoquer un lynchage public.
… ils ne font que détourner l’attention…
Comme Joe Biden pourrait être l’an prochain le challenger du président, les Démocrates ont un intérêt évident à braquer les projecteurs sur Trump et non sur les turpitudes de leur propre favori à ce stade. En effet Hunter, le fils de Joe n’avait aucune expérience dans le domaine de l’énergie lorsqu’il a été nommé au conseil d’administration de Burisma en Ukraine avec un confortable revenu de 50 000 dollars par mois pour deux ou trois réunions annuelles. Il est évident que c’est sa seule qualité de fils du vice-président en fonction qui lui a valu cette faveur et ce n’est peut-être que la partie émergée de l’iceberg puisqu’il a aussi des liens avec une grande firme chinoise alors que son père était en charge des relations avec la Chine. On s’étonne que la presse américaine, si prompte à mettre sa puissance d’investigation en action, soit à ce point silencieuse sur le cas Biden. Joe n’avait-il pas publiquement déclaré que si le procureur ukrainien n’était pas relevé de ses fonctions, l’aide américaine ne serait pas déboursée ? Et certains reprochent à Trump ses « interférences» !
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À quelques exceptions près, les médias américains ont perdu tout sens de l’objectivité et sont vent debout contre Donald Trump. Leur puissance de feu croisé est considérable et il n’est pas étonnant qu’une majorité du peuple américain soit désormais, selon les sondages, en faveur d’une procédure de destitution. Mais un sondage n’est pas une élection et ce n’est pas non plus une preuve du caractère régulier de la procédure. En fonction du « privilège de l’exécutif », le président peut rejeter les assignations à comparaître devant les commissions du Congrès visant des membres de son administration, ainsi que la transmission de documents confidentiels liés à l’exercice du pouvoir. En cas de conflit entre l’exécutif et le parlement, il appartiendra à la Cour suprême de trancher le différend.
… et nuisent à leur pays
La procédure de destitution a comme conséquence d’obliger la Maison-Blanche à lui consacrer un temps considérable au détriment de l’action politique. Les Démocrates n’affaiblissent pas seulement le détesté Donald Trump, mais l’institution même de la présidence et la puissance des Etats-Unis à travers le monde. On voit le profit que la Corée du Nord, la Russie ou la Chine peuvent tirer de l’affaiblissement du président américain. En n’acceptant pas le verdict populaire de 2016 et en tentant d’influencer l’élection de 2020, les Démocrates ne rendent pas service à la démocratie, à leurs institutions et à leur pays.
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