J’ai souvent moqué ici Patrick Buisson, 62 ans, spécialiste des études d’opinion, et conseiller de Nicolas Sarkozy, non pas pour son passé supposé de garnement droitiste -il faut bien que jeunesse se passe- mais pour son goût, coupable à mes yeux , des sondages quotidiens voire multiquotidiens.
Cela étant dit, il faut bien reconnaître que cet expert-là sait de quoi il parle, ce qui égaye une profession injustement si peu décriée.
Les explications qu’il donne à nos confrère-et-sœur Arnaud Leparmentier et Vanessa Schneider du Monde en date d’aujourd’hui sur les sondages du moment valent ce qu’elles valent. En revanche, ses considérations politiques sur les scies du moment ne manquent ni de profondeur ni de panache. Best of
La tranche d’impôt à 75% de François Hollande ? « La transgression des 75 % n’a rien pour l’instant d’un « coup décisif ». Ce n’est pas Hollande qui a élargi sa base vers la gauche radicale – il a perdu 2 points en une semaine – mais Jean-Luc Mélenchon qui est en progression. Le candidat de la gauche populiste sera toujours plus crédible qu’une pâle copie sociale-démocrate dans le registre de la lutte des classes qui réclame une certaine tonicité. »
La « droitisation » de Nicolas Sarkozy ? « Ce concept de « droitisation » est le plus sûr indice de la confusion mentale qui s’est emparée de certains esprits. Si la « droitisation » consiste à prendre en compte la souffrance sociale des Français les plus exposés et les plus vulnérables, c’est que les anciennes catégories politiques n’ont plus guère de sens… et que le PS est devenu – ce qui me paraît une évidence – l’expression des nouvelles classes dominantes. »
On gardera pour le meilleur pour la fin, à savoir l’appétence retrouvée du président sortant pour un certain protectionnisme : « Il est clairement le candidat d’une Europe des frontières. C’est en cela qu’il est le candidat du peuple qui souffre de l’absence de frontières et de ses conséquences en chaîne : libre-échangisme sans limites, concurrence déloyale, dumping social, délocalisation de l’emploi, déferlante migratoire. Les frontières, c’est la préoccupation des Français les plus vulnérables. Les frontières, c’est ce qui protège les plus pauvres. Les privilégiés, eux, ne comptent pas sur l’Etat pour construire des frontières. Ils n’ont eu besoin de personne pour se les acheter. »
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